A quoi bon demander des preuves ?

En sortie de corps depuis un moment, je finis une corvée qui consistait à répondre aux questions de personnes incarnées qui s’intéressaient à mes énergies.

Dans l’amphithéâtre, se trouvait un mélange de sceptiques, de curieux, de trop-curieux aussi, mais également de futurs avides manipulateurs, et une petite vague de sbires du fond de la classe qui arboraient fièrement leurs grades sur leurs chemises bien repassées, immaculées en dépit de leurs actes et intentions.

Je comprenais que l’on cherche à comprendre le pourquoi du comment. Alors je pris le temps de répondre à quelques questions… ou plutôt je choisis d’expédier rapidement la corvée. Poser des questions, chercher des réponses, comprendre comment ça marche et comment c’était possible, je comprenais bien ce type d’interrogations, mais parfois, il fallait simplement vivre les choses pour les comprendre.

Je torchais le FAQ en moins de 5 minutes. A vrai dire, j’aurais pu prendre davantage le temps, mais je n’avais pas apprécié la manière dont on était venu me chercher et me manipuler pour que je participe à cette réunion. Plutôt que de me demander simplement si j’acceptais de répondre à des questions, on avait mis en place tout un stratagème pour me mettre sur le fait accompli. Pas de bol, je m’en étais rendue compte en chemin. Dommage pour celui qui voulait me guider en me racontant des bobards. Non mais il avait bien commencé… Jusqu’à temps que ma conscience percute, ce qui sonna la fin pour lui. Il était toujours aussi fascinant de voir une énergie se dissoudre aussi facilement dans l’éther. Je ne pouvais m’empêcher de soupirer. Il n’y avait rien de plus énervant que des gens curieux qui usaient de stratèges et vices pour m’atteindre. Les gens ne connaissaient pas le “cordial-courtois” ? Visiblement, dans l’astral, non. Tout était permis et je ne le savais que trop bien. Tout comme ils n’avaient toujours pas compris que je ne faisais pas partie de la classe des “bons samaritains”. Ce n’était pas faute de prévenir… Mon blog était clair à ce sujet, il regorgeait d’informations diverses et variées quant à la nature de mes énergies.

J’allais repartir et m’éviter la confrontation, mais je me disais que si je ne me montrais pas, ils ne me lâcheraient pas et reviendraient à la charge une autre fois, parce que justement, ils n’auraient pas eu de réponses. Les consciences présentes auraient pu me demander n’importe quoi, mais au lieu de ça, c’était un défouloir égotique. Pourquoi moi je pouvais, pourquoi mes énergies étaient comme ça, que je devais amener des preuves, que je devais leur prouver ma puissance et la nature de ce que j’incarnais. Ils auraient pu profiter de ma présence pour demander des vrais clés pour avancer dans leurs cheminements, pour que eux se sentent mieux dans leur Être, mais non. Au lieu de cela, j’avais l’impression de me retrouver face à un jury d’une centaine de personnes ou à un défouloir de réflexions dignes d’une page facebook… C’était dommage. Je n’étais pas contre le contact dans l’astral. Je n’étais pas contre aider les âmes. Je n’étais pas contre non plus les explications. Mais des explications constructives. En quoi l’autre va-t-il avancer dans sa vie personnelle en ayant tous les détails de ma vie ? Cela va-t-il l’aider à mieux se comprendre ? A être plus heureux ?

Qu’avions-nous vraiment besoin de savoir sur l’autre ? Et pourquoi ressentions-nous ce besoin ?

L’une des participantes assise au premier rang feula avec dédain.

“Tu travailles avec la Lumière tu es sensé répondre à nos questions au lieu de les éviter. Tu fais ta maline, mais tu n’as qu’à répondre et nous prouver, cela ira plus vite.”

Je me rapprochai d’elle, l’air s’assombrit. Pleine d’égo, elle ne démorda pas et soutint ses yeux plongés droit dans les miens. Pourquoi me forcer ainsi la main ? Je faisais vraiment des efforts pour être là, mais je ne leur devais absolument rien.

– Moi ? De la lumière en moi ? oui mais ce n’est qu’une partie. Tu ne sais pas que j’ai aussi des énergies qui ne sont que chaos et que je peine à contenir ? Si tu savais à quel point là je fais de gros efforts pour maintenir des énergies lumineuses et ne pas snapper… Et même si je perdais le contrôle, cela ne te donnera pas plus de réponse sur mes énergies. Par contre, moi, j’en aurai plus rien à foutre de ce que tu deviendras. Je serais toi, je ne me chercherais pas trop.

L’atmosphère autour d’elle se noircit et elle se retrancha dans son siège, tête rentrée dans le creux de ses épaules. Soumettre pour soumettre ne m’intéressait pas. Il fallait simplement arrêter de croire que dans l’astral, tout était acquis. Je n’aimais pas donner des avertissements. Certains curieux ne se rendaient tout simplement pas compte de leurs attitudes et je passais encore pour la méchante… Voilà pourquoi je n’aimais pas traiter avec les âmes dans l’astral. C’était toujours la même chanson. Pas de bonjour, pas de merci, pas de s’il te plait, elles pensaient que répondre à leurs questions était un devoir, sous prétexte de. Ce rassemblement n’était en rien agréable et convivial, alors oui, c’était une véritable corvée.

Je repris à nouveau le micro et m’adressai à la foule en clôturant le débat.

– Vos questions ne vous mèneront à rien. Et comme vous n’en avez pas de plus pertinentes, nous nous arrêtons là. Ce rassemblement est terminé. Vous pouvez quitter les lieux. Vous n’obtiendrez pas d’autres réponses de ma part. Merci Au revoir.

Au fond, tout près de la porte d’entrée, un jeune militaire engagé dans l’armée se moqua. Cela fit rire toute sa bande d’amis. Je m’élançais dans les allées à sa rencontre et attendis sa prochaine joute verbale. Une fois devant lui, je ne dis rien. Au vue de l’égo de tout le monde ici, il allait cracher ses remarques sans même demander.

“Je n’y crois pas une seule seconde à ce que tu racontes”, dit-il en pouffant, tous l’accompagnèrent dans les rires.

– Pourquoi tu es là alors ? demandai-je. (Il ne répondit rien.) Tu veux une preuve toi aussi ?

“Qu’est-ce que tu vas faire, de la magie ? Pff ! Tu crois que tu vas nous faire un truc gros avec de la magie ici ?! N’importe quoi !”

-Moi ? Je ne vais rien faire. Par contre… dis-moi… comment va ton cousin ?

Un demi-sourire apparut sur mon visage. Le sien se figea. Il s’arrêta de rire. Ses yeux commencèrent s’humidifier. J’ouvris ma paume face à son torse en préparation de la gestion des flux à venir.

– Oui dis-moi, comment va ton cousin ? Tu sais, celui qui est mort à la guerre ? Si tu voyais tout le sang qu’il y avait sur son corps… Il baignait dedans ! Il y en avait partout ! Un bon soldat mort au front !

Un de ses compères tenta de s’interposer entre nous deux mais trop tard. Je bondis sur le jeune soldat et le plaquai au sol avec ma paume de main apposée sur son torse.

– N’avance pas ! criai-je à l’autre avant de me tourner vers celui qui pleurait maintenant toutes les larmes de son corps. Tu aimais ton cousin n’est-ce pas ? … mais il est mort dans son sang (il me regardait et chaque mot prononcé faisait écho en lui. Ses yeux ne pouvaient retenir ses pleurs)

“Non… NON… ! … Il est… il est… “

– Il est mort au front, accepte-le. Libère ta souffrance. Laisse-là s’exprimer. Ne la garde pas en toi.

Sa soupape émotionnelle explosa. Ses sanglots retentirent à travers tout l’amphi. Je continuai de le maintenir au sol, assise sur lui à califourchon bras tendu.

– Quand il est parti au front, tu ne pensais pas qu’il allait mourir. Tu savais qu’il y avait des risques, mais pas pour lui. Tu te disais qu’il reviendrait. Et pourtant. Il n’est jamais revenu. Il est mort. (Il tentait de retenir ses flots en te cachant le visage avec les mains, mais sa peine était trop grande.) Tu as le droit de pleurer. Accepte ta souffrance. Libère-la…. La souffrance ne doit pas rester en toi, elle va se cristalliser. Permets-lui de s’exprimer et d’être… (Il sentit ma paume sur lui et tenta de se recroqueviller) Sshhh…. baigné dans son sang… il est mort…. tu es peiné… tu souffres… sa mort te peine… tu l’aimais… Pleure, pleure et extériorise ta souffrance, ainsi tu pourras aller de l’avant.

On n’entendit ensuite que ses cris et sa douleur hurler.

Les âmes incarnées voulaient voir de la magie comme dans les films, des grande frasques et à outrance. Mais dans quel but ? A quoi servait la magie si nous ne restions que des âmes en souffrance ?…

2 Comments

  1. Alexandre

    Bonsoir Camille,
    Ta question est très intéressante . Mon maître m’a toujours dit d’être juste et positif en toutes circonstances. La magie n’est qu’un outil certes bien utile mais reste un outil. Il m’avait dit également que le plus important c’est la façon dont on vit notre vie . Bref selon moi, la magie est un voyage menant à la sagesse que l’on soit de l’ombre ou de la lumière. Bises

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