La magie du grimoire

wahrsagerkugel

Ces jours-là, j’étais plutôt d’une humeur curieuse, assez en train à visiter de nouveaux univers. Aussi, lorsque je me suis retrouvée lucide dans une zone un peu délabrée, ma conscience reprit les rennes en moins de deux.

– Bon… Qu’est-ce que je vais faire aujourd’hui ?, murmurai-je en scrutant l’environnement. Un appel peut-être pour me sortir de là  ?…

Au même moment, une femme déboula sur une ouverture à l’étage d’un vieil immeuble.

– « Viens », qu’elle me dit, « viens, j’aimerai aller dans une librairie ésotérique faire quelques courses. »

Ah tiens, je l’avais jamais faite celle-là en rêve lucide ! Ca promet ! Rien qu’à l’idée de me retrouver dans une boutique magique d’artefacts en rêve lucide, mes yeux crépitaient déjà. C’est que… on pouvait y trouver des p’tites perles ! Je n’ai pas hésité une seule seconde. Deux à deux, je montai le vieux rebord bétonné tout démoli pour la rejoindre. C’est dingue, on dirait presque qu’un combat a eu lieu ici, comment une boutique pourrait-elle se retrouver retranchée dans cette zone ?…

Peu importe, je n’avais pas envie de me prendre la tête sur des détails, d’autant plus qu’elle savait exactement ce qu’elle faisait. Après quelques virages et prolongements de couloirs, on attend une petite porte entre-ouverte.

– « Bon, j’te laisse voir, hein, moi, j’vais m’prendre un truc », me dit-elle simplement.

– huhum, fis-je en simple hochement de tête approbateur.

J’aimais flaner dans ce genre boutique. Même s’il était rare que dans la vraie vie, j’en ressorte avec un achat concret. Alors que je me demandais ce qui pouvait m’intéresser, je repensais à mes curiosités sur mes affiliations énergétiques. Je m’approchais du comptoir et interpellai la vendeuse.

– Excusez-moi, (elle se releva la tête et me prêta attention), auriez-vous un grimoire sur le Milieu ?

– « Euh…. le Milieu ?…. Hum », répondit-elle toute perdue… Elle n’avait pas l’air de savoir ce qu’elle avait dans sa propre boutique, celle-là.

Une voix se bouscula dans ma tête, une voix douce, et masculine me parla en télépathie.

-« Tu n’as pas besoin de te préoccuper de ça. Regarde simplement ce qu’il te plait, de l’Ombre ou de la Lumière, suis ton coeur et choisis, tout simplement. Peu importe ce que c’est, du moment que tu te sens attirée, d’accord ? Regarde tout ce que tu veux, peu importe ce que c’est, et choisis selon tes envies. « 

La femme me répondit enfin après avoir fouiné son pupitre.

– « N-non… D-désolée… Je n’ai rien de ce genre… » , fit-elle avec une mine déplorée.

Prenant la voix en considération, j’enchaine la vendeuse.

– Bon, faites-moi voir les grimoires que vous avez à disposition.

– « Euh… o-oui, voilà ! J’en ai qui sont exposés juste là sur le portant. De l’Ombre pour la plupart.

– Peu importe. Faites-voir.

La vendeuse semblait être intimidée par ma présence. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j’avais une idée très précise de la qualité de ce que je recherchais… Allez savoir…

Elle tendit le bras vers la pile accrochée sur la tige servant de portant. Il suffisait de les brasser pour voir ceux qui se cachaient les uns derrière les autres. Chaque grimoire avait une devanture animé de magie en mettant en avant sur la première page, la dimension du livre projeté à la une, avec son personnage principale et l’essence qu’il portait en lui. En guise d’attrait, chacune d’elle était surmonté d’une pierre cabossée particulière représentant cette univers.

– » Tout ceux que j’ai sont là. » rajouta la vendeuse. « Tous là. Je n’ai que ça à disposition. »

Tandis qu’elle passait en revue en effilant les grimoires un à un pour me donner un aperçu, je la stoppai net.

– Celui-là ! m’écriai-je en voyant une première page qui m’avait tapé dans l’oeil. Pas à cause de cette pierre, mais à cause des yeux du personnage appartenant à cet univers et la précision dans son regard qui me percuta de par en par. Ces énergies me parlaient énormément. Elles me rappelaient quelqu’un. On aurait dit que c’était lui.

– « Ah ! Le premier, celui là ! Le Roi Eléphant », dit-elle approuvant largement ce choix.

– Non, pas celui-là, derrière.

– » Vous êtes sûre ?… Mais derrière, ce n’est pas aussi…. « , se permit-elle de juger mon choix.

– Ce Roi ne m’intéresse absolument pas, il ne me parle pas (Elle écarquilla les yeux face à mon déconsidération la plus totale pour ce qu’elle estimait de puissant et fort et ne savait plus où se mettre, gênée d’avoir mis son choix en avant plutôt que celui du client) Par contre, je prends celui de derrière. (Elle le tira pour s’assurer que je ne changeai toujours pas d’avis). Oui. Celui là.

Elle le sortit du portant et le plaça en évidence  sur le crochet d’à côté.

– Oui… C’est bien ça. Bon… Voyons maintenant ce qu’il contient…

Je levai les bras, toujours depuis l’arrière du comptoir et commençai à manipuler les dimensions comme je faisais souvent avec mes mains. Paumes ouvertes, j’appelai les énergies du grimoire à répondre à mon appel et à se manifester sans attendre. La page frontale se transforma en sphère énergétique d’un mètre sur un mètre et laissait diffuser calmement des effluves vibratoires calmes et non agressives.

– « Hey ! J’ai trouvé ce que je voulais, s’écria l’autre jeune fille en revenant me chercher, as-tu trouvé …. ?! Heu !! …. Qu’est-ce que tu fais ??

– Voilà ce que je fais, je manipule les énergies.

– « Toi ?… tu es capable d’un truc pareil ?… Mais … ?!, s’émerveilla-t-elle, « C’est dingue !! Comment tu peux faire un truc pareil ? »  , ajouta-t-elle en tombant des nues.

Elle n’avait pas imaginée que sous mes airs de candeur,  je sois aussi puissante et que je puisse faire de telles manipulations aussi aisément. Ma joue émit un petit rictus, ouaip, ça faisait toujours cet effet à ceux qui me voyait en action et qui ne s’y attendaient clairement pas.

–  Ouais, écoute, c’est ce que je fais, c’est mon truc. Ca fait partie de mes accès.

A voir  les pépites dans ses yeux et la surprise qui émanait de la vendeuse, je réalisais que mes capacités en surprenaient plus d’un. Pourtant, les gens avec mon niveau de puissance, il y en avait ici et là. Ce n’était quand même pas la première fois qu’ils avaient du en croiser un dans cette boutique, non ?  Pour le coup, à cet instant précis, je me sentais comme Gandalf au milieu des hobbits, à leur faire péter le feu d’artifice et voir leurs yeux pétiller avec un petit tour de magie. Ce que je faisais était la norme usuelle pour moi, c’était mon quotidien et cela ne représentait rien d’extravagant. Ceci dit, à les voir bouche-bées et flipper à moitié… Mais bon… Chacun son chemin.

– Alors… toi… (je me retournai en direction de mon grimoire toujours bras levés), qu’est-ce qu’il m’attire chez toi ?, demandai-je à voix basse avant de shooter un ordre inaudible à la salle tout en crispant mes mains pour entamer le processus d’accès à la porte dimensionnelle.

L’image qui était en première page était devenue un monde à part entière, se reflétant sur les parois arrondies de la sphère couvrant presque un mètre de diamètre. L’homme me regardait, il me fixait du regard… Hum… Ne serais-tu pas…. ? … Hein ?… Tout changea subitement. Les yeux de l’homme se transformèrent en yeux d’éléphant et il semblait avoir besoin d’aide. Ca m’intrigua. Sans réfléchir davantage, je m’élançai.

Par un nouvel ordre télépathique, je pénétrais le monde en me dédoublant et fusionnais avec le monde de la dimension. En quelques pas, mon corps se retrouva à l’intérieur de l’univers. L’éléphant arriva sur moi en chargeant à vive allure, me considérant comme un danger.  Disons que plutôt, il était sérieusement paniquée et ne savait pas comment se calmer. Sans attendre, je levai la main en signe de paix.

– Attends, attends ! Je ne te veux pas de mal ! (L’éléphant fit un dernier pas hésitant, et les cent pas en tournant sur lui-même avant de repartir, clairement, en détresse.

A cet instant, je me rappelais de [X], avait-il encore des doutes, des craintes, était-il en souffrance ? Cet Éléphant me faisait penser à lui, à cette part de lui qui pouvait avoir du mal à gérer. Ces derniers jours, je m’étais rendue compte que peut-être, [X] avait besoin d’être rassuré, que peut-être, il avait besoin que d’être réconforté lui aussi et qu’il galérait à sa manière. J’étais toujours à me plaindre quand je le voyais, mais peut-être que lui aussi avait des problèmes. Oui, ces deux là, étaient étrangement similaires… Et je devais faire preuve de douceur moi aussi, parfois.

– Je vois bien que tu as un problème, laisse-moi t’aider, je suis là pour toi aussi…, annonçai-je dans le vide. (Je savais que peu importe où il était, il pouvait m’entendre.) Je suis là, ça va aller maintenant…. Viens…

J’entendis les pas au loin revenir, mais à ma grande surprise, ce n’était pas l’éléphant qui revint, mais une forme masculine, le regard angoissé et ne sachant plus quoi faire pour se calmer. Il agissait pareil que l’éléphant, la même torpeur, la même angoisse, et la même profondeur d’âme dans son regard. J’ouvris les bras en allant à sa rencontre.

– Viens… Ca y est… je suis là… Je suis venue pour toi… Tout va bien maintenant, hein … Tout va bien… (Il accourut et s’effondra sur moi en pleurs en m’enlaçant la taille, sa tête se perdit dans la chaleur de mon corps, et on se retrouva affalés au sol écroulés par son poids) Allons… Shhh….. Je suis là maintenant…  tout va bien…

Les larmes coulaient à flots, il hurlait comme si le verrou de son trop plein avait sauté. Je lui caressais les cheveux comme une mère ferait à un enfant traumatisé avachi sur elle.

–  Allez, allez, Shhhh….. ça va aller… Je suis toujours là pour toi, tu le sais, hein ?…  Hum…. Ca va aller, on va y arriver, on va y arriver…

Quand il se calma suffisamment pour pouvoir respirer plus lentement, il resserra son étreinte, les yeux encore perdus en moi et en l’amour avec lequel je le berçais.

J’admettais que je râlais souvent. J’abordais souvent les problèmes des autres avec détachement et plus rares étaient les fois où je faisais appel à mon côté tendre. Juste, tendre et aimant. Mais je savais aussi que parfois, il n’y avait que ça à faire. Et là, c’était le cas. Il n’y avait rien d’autre qu’à offrir qu’un peu d’amour et de réconfort.

Je me réveillai, mes yeux encore posés sur les siens et ses jolies prunelles cristallines encore humides et apeurés…

Parfois, un gros câlin réconfortant vaut mieux que mille mots. Parce que se prendre dans les bras, c’est trouver un refuge, un réconfort, c’est apaiser cette solitude et cette perdition que l’on ressent en nous. Comme si toucher la terre de l’autre permettait de s’ancrer quelque part et de s’y nourrir.

Oui, la force d’un câlin, c’est la force d’être une terre d’amour qui permet à l’autre de s’y recueillir, le temps pour lui de panser ses blessures, guérir et repartir.

 

Bises

 

3 Comments

  1. alexandre

    bonsoir camille,

    j ai trouve la reaction des gens a ta manipulation des energies amusante j ai le meme effet sur les personnes qui me demandent une voyance mdr a croire que lancer un appel par un sceau style pentagramme n est pas chose courante pour eux ils me disent par ailleurs que j ai un drole d’air quand je le fais et que je demande conseil a mes guides. je doisbien t avouer que quand ilsme disent six mois apres tout s’est realise je n en tire aucune fierte il est vrai qu’etre medium n est pas tous les jours facile en fait je botterai bien le derriere de la personne qui me dirait t en as de la chance eux ne voient que le pouvoir mais en oublient les responsabilites enfin chacun son chemin de vie bises

     

  2. Spiritual Flower

    Coucou

    Merci Cel

    Alexandre, tes commentaires sont difficiles à lire sans ponctuations. Sinon je suis d’accord avec toi, les gens ont vite tendance à oublier que capacités riment avec responsabilités…

    Bonne soirée à vous deux

    Bises

     

     

     

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