En sortie de corps, je fus convoquée dans un lieu astral qui regroupait des travailleuses du sexe. Le lieu était sommaire. Logées dans des hangars aux bas plafonds, chaque femme qui travaillait ici avait un emplacement d’à peine 3m2, séparé uniquement par des draps étendus sur des fils en guise de délimitations.
Certaines rangées étaient réservées aux webcam live, et d’autres plus en retrait, pour les actes avec les clients qui se déplaçaient exprès pour ça.
Assise sur un banc à l’extérieur, je regardais le ballet défiler. Des hommes arrivaient, choisissaient la travailleuse du sexe qu’ils aimeraient avoir pour la prestation, puis repartaient avec en direction d’une chambre disponible, ou plutôt… d’un espace entre les murs de draps où un lit en friche serait vacant. Les draps n’étaient même pas lavés entre les passes. Le nombre de pseudos chambres était limité lui aussi.
Si les conditions visibles de travail démontraient très clairement une gestion plus que précaire, je n’étais pas là pour y mettre un terme.
La raison de ma venue était ce client tout particulier que j’attendais patiemment, cet homme qui surgit au loin avec une seule et unique chose en tête.
Un deuxième homme l’interpella à la volée. Il voulut le prendre à part. Il le secoua, usa de force, leva la main sur lui. Le client se rétracta sur lui-même figé par la peur. Il le connaissait bien. A chaque fois qu’ils se voyaient, le client était toujours sous la contrainte de subir ses assauts, à la fois sexuels et physiques. Il n’était pas gai pourtant, mais était forcé de l’être quand cet homme exigeait sa compagnie… Cela devait être certainement un des gérants ou fameux « business partners ». Cet autre n’était pas ma priorité. Il n’y avait aucune raison de s’attarder sur son cas.
– allez dégage du tableau, murmurai-je platement.
Ma main brassa l’air discrètement en direction du deuxième homme. La force des intentions émises poussa inconsciemment l’homme en retrait.
Sans comprendre pourquoi, il se désintéressa subitement du client et continua sa route comme si de rien n’était. Le client émit de gros soupirs de soulagement avant de relever enfin la tête dans notre direction. Ses énergies virèrent au noir sadique.
Tiens-tiens… à la fois victime et bourreau…
Pour le côté « victime », oui, ça je l’avais en effet constaté. C’était un homme abusé par multiples personnes de bien des manières, et régulièrement aux vues de sa réaction face à l’altercation tout juste évitée. Mais ce n’était pas parce qu’on était victime, qu’il fallait devenir bourreau pour autant.
Son oeil sombre, ses désirs sales, son envie de violence se canalisaient maintenant sur nous. Voilà la raison de ma venue… Ces femmes qui devaient subir « ça », subir lui. Aucune d’elles ne voulaient être choisies. Être sélectionnée voulait dire souffrir, voulait dire subir une prestataire douloureuse, pleurer, avoir mal, et tout simplement souffrir au plus profond de sa chair et dans son coeur.
Toutes baissaient les yeux, moi non. Je lui lançai un baiser à la volée en batifolant mielleusement. J’avais modelé mon corps sur une morphologie plutôt svelte, habillée outrageusement, des accessoires et bijoux mettant en valeur ma robe très courte et très moulante. Que le jeu commence…
– Choisis-moi mon chat, dis-je le sourire aux lèvres.
Il fut tout émoustillé. Gonflé d’égo de voir face à lui une femme qui prête à l’accueillir. Il prit ça comme de l’audace au détour d’un challenge prometteur.
– « Mais bien sûr », répondit-il d’une main tendue, « Allons-y. »
Un petit clin d’oeil fait aux filles en me levant couplé d’un hochement de tête rassurant, et ça y est, je m’élançais dans les couloirs du hangar en le tirant par la main.
Je finis par trouver un emplacement libre en relevant quelques bouts de tissus par ci par là. Dans l’enclos, le matelas était posé à même le sol. J’invitai alors l’homme, ou plutôt… « ma proie », à s’installer.
Lui était dans l’anticipation, il jubilait d’avance. Il n’avait absolument aucune idée à quel point il était déjà foutu. En refermant l’entrée , moi aussi j’anticipais, mais pas pour les mêmes raisons. Pour moi, il représentait l’amuse-gueule de ma « journée », un moment divertissant à savourer tant que ça durait.
Le traitement des énergies sexuelles sombres ne se faisait pas par quatre chemins. Très souvent, cela passait par la soumission sexuelle sombre couplée à un traitement des énergies permettant la transcendance des flux. Et en général, ce n’était pas la Lumière qui traitait ce genre d’actes…
Cela se faisait souvent en 3 parties :
– la première, la manifestation des énergies sombres sexuelle,
– la deuxième, l’évacuation des énergies,
– la troisième, le traitement des énergies et leur transformation.
Le plus beau dans l’histoire, c’est qu’il était possible de faire ça sans jamais avoir à se déshabiller… du moins me concernant. Je pouvais même ne jamais avoir à le toucher physiquement. Mais on sait tous comment ça se passe, les goûts, les couleurs, les humeurs…
Au travers des multiples rangées de draps, tout le monde savait ce qui se passait dans notre emplacement. Il n’y avait pas besoin de faire un dessin. Aucun ne voulut s’en mêler, surtout pas en entendant ce qui potentiellement les attendaient si jamais ils avaient le malheur de m’interrompre. Malgré tout, de base, ce n’était le business de personne. Le client m’avait choisie, il avait maintenant sa « prestation », aussi déroutante semblait-elle être.
Le pire au cours de l’intervention était les visions que je réceptionnais sur lui et sa manière de traiter les travailleuses du sexe. Elles n’étaient pas belles à voir.
« Et ça ? tu leur fais ça aussi… pourtant quand tu leur fais, tu aimes leur faire du mal, tu les vois souffrir, tu vois qu’elles pleurent, qu’elles tremblent… leurs souffrances t’excitent. Elles te demandent d’être plus doux, elles demandent même à ce que cela s’arrête parce qu’elles le vivent comme un supplice, et toi, tu ris, tu continues. Tu es malsain, tu es un homme violent. Tu les traites comme de la merde… »
D’autres visions alimentaires notre altercation.
« Oh et tu fais ça et ça aussi ? Pouuhhh ça va piquer pour toi ! tu vas vraiment le sentir passer ! »
« Et Arrête de râler là… tu couines pour rien… Fais ce que je te dis, j’ai pas que ça à foutre ! Il faut que l’énergie s’évacue, plus tu fais durer, plus tu vas le sentir passer ! »
Quand une énergie sombre travaillait sur les flux sexuels sombres d’une âme humaine, les flux étaient parfaitement évalués en amont. Tout comme il lui était impossible de passer outre mes énergies. Il n’avait pas la puissance pour faire face. L’issue était déjà scellée pour lui.
En moins d’une demi-heure, j’avais pu extraire de lui des énergies sombres sexuelles transformées en un cristal rose de plus de 10 cm de diamètre sur environ 1 mètre de longueur.
Traiter les flux permettait de les transformer lors de l’extraction. On pouvait voir cela comme une cuisine industrielle. La nourriture passait au travers de machines et transformaient les ingrédients d’origine en un nouveau produit fini qui lui pouvait être « recyclé » / « consommé » plus facilement ou autrement.
On pouvait très bien évacuer les énergies sans les traiter, mais cela facilitait énormément toute la chaine de travail énergétique. De plus, cela évitait notamment que les énergies soient en pagaille à l’extérieur de leur « hôte nourricier ». Cela revenait en somme à préparer un joli paquet cadeau, tout bien rangé, propre, compilé et énergétiquement sain.
A l’origine, les énergies sexuelles sombres de ce client étaient un condensée d’énergie sexuelle qui s’était cristallisé avec le temps au niveau de son sexe et du bas ventre. Elles étaient principalement causées par son sentiment de vengeance, sa frustration et sa colère, mais c’est surtout la vengeance qui était le principal dénominateur à sa souffrance.
Une fois que tout cet énorme paquet d’énergie fut extrait, le soulagement fut instantané pour lui. Et ça se comprenait vu l’incroyable volume qui était sorti de lui. Il était maintenant libéré de ce poids lourd et pesant.
La présence de ces énergies en lui ne justifiait pas ni ne minimisait les conséquences, mais les masses qu’il n’avait cesser d’alimenter n’avaient rien arrangé.
Les énergies qui cristallisaient provoquaient des noeuds terribles et comme elles n’étaient pas évacuées, cela ressemblait à une calcification qui, selon la nature des énergies, pouvait virer au sombre. Cela grossissait avec le temps. Peu à peu, le comportement changeait aussi tant l’impact en soi était massif.
Avec ce poids enfin retiré, il pouvait tenter de vivre autre chose, et surtout de vivre autrement. Cela n’excusait en rien la responsabilité de ses gestes, mais aujourd’hui, l’évacuation de ses énergies lui offrait une deuxième chance de vivre une vie différente de celle qu’il menait avec sa gangrène. Toutefois, c’était à lui de saisir cette opportunité.
En attendant, les conséquences et retombées étaient immédiates. Il n’avait plus aucune raison de solliciter ces femmes, vu que les raisons pour lesquelles il venait à la base avaient toutes disparues.
L’homme était contorsionné, affalé, les yeux dans le vide en état de choc. Je lui adressai les dernières paroles en passant la tête sous le linge relevé par mes soins.
– Tu as évacué la totalité des énergies malsaines, c’est bien. Tu as fait du bon boulot, et tu as été jusqu’au bout. Prends quelques minutes pour te remettre, ensuite habille-toi vite et tire-toi. Ne te retourne pas. Casse-toi et ne remets plus jamais les pieds ici.
Seul un gémissement torturé fut émis en guise de réponse.
Aussitôt le linge rabaissé derrière moi, je me retrouvai nez à nez avec une travailleuse qui avait attendu tout le long de l’autre côté de l’enclos. Elle monta à une main à la bouche pour se ronger les ongles. Elle portait en elle la signature énergétique du « demandeur initial », c’était elle qui avait appel à l’aide, et c’était elle aussi que j’avais vue dans les visions du client lors de mon intervention. Elle étira la tête pour tenter de voir l’état de son bourreau.
– Ne regarde pas derrière le drap. Ne le soulève pas pour voir. Il est encore là. Il va se rhabiller et partir mais il a encore besoin de quelques minutes pour encaisser le choc. Ne te confronte pas à lui quand il partira. Il ne doit pas te voir. Tu as compris ? Laisse le traverser les couloirs sans te croiser. Laisse le partir tout simplement.
– « hm… mais est-ce…est-ce que… »
– C’est fini. Il ne reviendra plus. Tu ne le reverras plus. Il ne reviendra jamais te voir, ni toi, ni les autres. Il ne consultera plus de prostituées. Vous êtes libérées de lui.
Ses émotions s’emballèrent. Une larme coula le long de son visage, ses lèvres tremblèrent.
– « je croyais… (elle ne savait plus où regarder) je-je croyais que je n’aurais pas le droit d’être aidée… je croyais qu’une femme comme moi n’y aurait pas le droit d’obtenir de l’aide de-de… »
– Et bah si. Et pourquoi qu’une femme comme toi ne pourrait pas être aidée d’abord ? Toutes les femmes peuvent être aidées, toutes, même celles qui font ce que tu fais. Tu as prié, et ta prière a été entendue, voilà tout. C’est aussi simple que ça.
– « Je ne pensais pas mériter… je pensais être souillée… je ne pensais pas mériter d’être prise en compte et… »
– Et bah si. Faut croire que tu le mérites vu que ta demande a été prise en charge ! Tu n’es souillée en rien. je ne vois rien de tel en toi. Et pour toutes les autres personnes dans ton cas non plus. Comme quoi, une prière, c’est accessible à tout le monde. Tout le monde mérite, tout le monde peut prier. Ce n’est pas parce que tu fais ce que tu fais que tu ne le mérites pas. Tout le monde peut faire une demande pour être aidé. C’est à la portée de chacun. Chacun peut prier et demander de l’aide. Après, toutes les demandes ne sont pas forcément répondues, mais quand elles peuvent être traitées, elles le sont. Comme la tienne aujourd’hui.
Ses yeux se perdirent dans un horizon imaginaire tandis que je nous téléportais à l’extérieur de l’hangar délabré.
– « c’est vraiment fini alors, il ne reviendra plus ? »
Elle peinait à croire que tout allait changer. Je lui souris avec beaucoup de tendresse.
– Finito ! Tu as exactement ce que tu as demandé. Tu es libérée de lui définitivement. Il est sorti de ta vie. Fais ce que tu veux de ta vie, construis comme tu l’entends sans le prendre en compte. Tu es libre.
Elle fut aussitôt plongée dans ses pensées. Qu’allait-elle vouloir faire maintenant qu’il n’était plus là pour impacter sa vie ? Physiquement, émotionnellement, tout changeait avec cette liberté retrouvée. C’est que, elle ne s’était plus sentie libre depuis si longtemps…
– Je te laisse maintenant reprendre le cours de ta vie.
Elle ne m’entendit pas, bien trop plongée à la vie qui s’ouvrait à nouveau devant elle. Je tournai les talons, puis claquai des doigts.
Mon corps changea d’espace dimensionnel et se téléporta ailleurs avec une nouvelle mission à effectuer.
Le bilan du jour était vraiment bon. Tout le monde était ressorti gagnant dans l’histoire. Et zéro dommage collatéral. En plus, même ma furie sombre était contente car elle a pu se divertir et s’amuser au passage. Elle a eu son café gourmand au milieu de ses corvées chiantes. Full win-win !! Ce n’était pas courant… il fallait savoir savourer aussi ces instants où tout le monde était content. Je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel avec un signe de victoire.
– Good day today, les gars…. allez next !
Bonjour Camille,
Ton article me laisse perplexe. J’ai récemment fait un rêve dans lequel j’étais agressé dans une mosquée par des karatékas aux intentions pas très nettes . Ai du passer en mode lucide et me défendre. Ça a été épique. Je pense qu’un proche avait effectué un travail occulte sur moi. La seule que je me pose c’est comment peut on être victime et bourreau? Ça me paraît contradictoire …
Bises
Hello Alexandre
Les deux notions sont contradictoires et pour autant, fonctionne en complémentarité.
Il n’y a de bourreau sans victime et inversement.
Par exemple, des personnes battues et maltraitées finissent par maltraiter d’autres personnes. Et que des personnes qui battent les autres sont ces mêmes personnes qui sont un jour maltraitées.
Il y a des schémas de souffrance dans lequel on est enfermé, il arrive qu’on les entretienne (bon gré, mal gré) et ce sont des générateurs de souffrances.
On ne souhaite pas reproduire ces schémas, mais comme on n’arrive pas à guérir, les énergies continuent de vivre en nous. Parfois de vies en vies.
Dans l’absolu, nous sommes tous enfermés dans la triade Juge, Victime, Bourreau.
On cherche justement à guérir mais on n’y arrive pas toujours.
Selon nos liens aux autres, on va plus appuyer sur l’un des pôles, selon les situations, les émotions et les évènements de la vie.
Le plus dur est de sortir de ce schéma. Cela implique de devoir prendre ses responsabilités, assumer ses souffrances et les guérir.
Le problème est que guérir n’est pas simple… On n’y arrive pas toujours.
Dans ton cas, se défendre d’une attaque est une chose, mais le bourreau est celui qui considère qu’il y a une sentence à exécuter et qui se nourrit de la souffrance infligée. Il est l’exécutant qui entretient la souffrance physique, psychique et/ou émotionnelle. En agissant, il nourrit son propre cercle de souffrance.
Dans le cas de l’article, le client souffrait. Il était abusé, battu depuis des années. Il n’avait pas les moyens d’agir sur ses bourreaux, alors il se vengeait sur des personnes autres.
Impuissant d’un côté, tout puissant de l’autre, sur des cibles accessibles.
La travailleuse du sexe aurait pu faire payer à ses autres clients, et leur faire subir aussi d’autres pratiques, ou alors, elle aurait pu continuer à rester enfermée dans son rôle de victime en continuant de subir.
Toutefois, en priant, elle a demandé à ce que cela s’arrête et qu’elle en soit libérée.
Alors oui, à partir du moment où il faut toujours dans un combat qu’il existe des combattants, il y aura toujours une notion d’attaque, de défense, de gagnants et de perdants. Mais quel est l’objectif ?
Si la paix n’est pas le résultat, et si on sème de l’horreur, de la peine et de la souffrance, cela montre un indicateur du rôle de bourreau.
Bises
PS : il m’avait bien semblé écrire des pages à ce sujet -> Développement personnel
– Le rôle victime – sauveur
– Le rôle victime – coupable
– Le rôle victime – héros
La seule question désolé pour l’oubli