La vierge Noire
Déesse du Sans nom, de la Connaissance.
Etant pourtant attachée à elle, je ne ressens au lien particulier, hormis ce nom qui me vient à l’instant en tête.
Elle demande la reconnaissance de ce qui est et a été oublié, ce temps révolu, qui n’a plus lieu d’être. Il est temps de passer à autre chose, aux choses qui parle vraiment à ton coeur.
Comment savoir ? Faisons-nous les bons choix ? Nous nous posons sans cesse ces questions. Il n’y a jamais eu vraiment de bons ou mauvais choix. Nous suivons notre route et construisons ainsi.
Je sens sa présence sans pour autant savoir qui Elle est. Je la sens là, c’est tout.
Je sens qu’elle me parle, qu’elle me souffle des mots que je ne comprends pourtant pas. C’est comme si elle me faisait remonter des choses en moi, des choses que je croyais si profondément enfouies, ces choses oubliés dans les abysses de l’Âme.
Elle agit bien au-delà de la notion du Bien ou du Mal, elle agit, c’est tout.
Déesse oubliée. Elle ne se manifeste que peu, que auprès des gens qui peuvent la sentir. D’un autre temps et d’une autre époque.
Elle est en lien avec le Feu divin, le Feu de l’essence.
Je me vois remonter ce feu pour aller vers elle. J’arrive dans une zone neutre. Je sens la présence d’un Conclave qui apparait les uns après les autres autour de moi comme des silhouettes légèrement lumineuses dans la pénombre.
– J’ai peur, je leur dis.
– De quoi as-tu peur ici, il n’y a rien à part nous.
– Que me voulez-vous ?… pourquoi vous me parlez alors ? et puis vous vous mettez tous là autour de moi… Je veux mes guides.
– Que crains-tu ? Nous ne faisons que parler avec toi.
Conclave de haute instance, voilà ce qui me vient en tête. Qu’est-ce que je fais là ?… Il est vrai que j’ai demandé à ouvrir mon canal, mais de là à entendre ça… je ne dois pas être en forme.
– Il est temps d’ouvrir les yeux ma petite. Les yeux de l’Âme sont un bien lourd fardeau lorsque l’on refuse de vivre ce pour quoi on est doué. Sais-tu ce que sont les yeux de l’Âme ? Ouvres les yeux petite, ouvres tes grands yeux et vois comme la vie peut-être belle, grande, immense face à tes petits yeux bruns. Tu as peur dans l’espace, tu as peur dans le noir, dans ce vide immense. Tu as peur dans ton coeur de ton immense vide que tu ne sais combler. Tu attends désespéremment pouvoir te reposer sur quelque chose qui sera ton pilier, ton mentor, ta raison d’être. Tu vois un trou sans fin, sans fond, un trou de errance. Regardes cette zone neutre. Il n’y a rien ici à part nous. Tout autour est noir et pourtant, nous sommes posés ici. Ne trouves-tu pas cet endroit confortable ?
– non, pas trop, même pas du tout. Il fait noir. et puis pourquoi sommes nous ici ?.. je n’aime pas cette zone.
– Comment comprendre qu’un Vide est vide ? Comment comprendre que le vide n’est qu’un espace sans fond, ou alors qu’un fond existe mais qu’on ne le perçoit pas ?
– Pourquoi tu me parles du vide…. j’ai peur du vide.
– Et si le vide avait un fond ?
– Qu’est-ce que cela peut faire ?…. mon vide restera vide.
– Nous voyons ton vide et aussi, nous te demandons de le regarder. La foi est quelque chose de remarquable. C’est cela ton pilier. Mais cela, tu ne le comprends pas encore. Tu ne comprends pas ce que cela signifie. Sur quoi repose ta foi ?… C’est quand tu n’as plus rien que tu réalises alors.
– Ma foi me laisse galérer. Elle est merdique. Tu vois, j’aimerai que ce soit plus fluide, plus lucide, plus…. concret. Tu vois ?….
– Je vois que tu as peur de noir.
– Et des fantomes aussi, mais ça… c’est pas nouveau hein….
– Ce n’est pas du noir que tu as peur, c’est d’ouvrir tes grands yeux bleus. Comme ces grands yeux bleus qui t’ont sorti de ton sommeil. Ils sont beaux n’est-ce pas ? Parfois, on a peur parce qu’on garde les yeux fermés, rivées dans le passé, à errer. Ouvres les yeux et vois comment tout n’a pas à être noir, sombre et triste.
Je me pose alors sur une passerelle, en plein milieu de l’espace. De haut, je regarde le monde, la terre, l’espace. J’ai peur et pourtant, je suis posée là. Quelqu’un se tient là, et pourtant ne dit rien. Je sens un félin assis à mes côtés.
– je ne suis qu’une pauvre humaine, dis-je à baragouinant.
La queue du félin bouge. Mais pourtant, il ne rajoute rien.
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Source: Les guides 3