Négociations entre Clans

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On va dire que ne plus être lucide dans un rêve, c’est nul. On tourne en rond comme des idiots parfois. Comme moi, une bonne partie de ce matin. Ah, ces archétypes de malheur que je ne comprends pas. Autant, ceux d’hier, une voix d’homme me les expliquaient en même temps que d’être dans le rêve, autant, ce matin, c’est un charabia totalement farfelu. Surtout ce moment où des gens ont l’air de s’amuser à faire d’immenses glissades sous un tunnel imposant en synchronisant leur vitesse pour pouvoir traverser sans se faire écraser par l’immense porte de pierre qui se refermait à intervalles réguliers.

Le tunnel faisait une longueur de piscine environ et me semblait dater de l’époque égyptienne, plus ou moins. Aucun hiéroglyphes sur les murs mais le système d’appositions de blocs calcaires semblaient coller à cette période… plus ou moins…

Les deux jeunes garçons alternaient sans arrêt leur position. Ma vision sortit de mon corps et suivit le mouvement des corps qui oscillaient entre les deux zones. Mon univers, et puis la pièce au bout du tunnel. C’était comme à l’intérieur d’une pyramide, très sombre avec des personnes évoluant sommairement à l’intérieur.

Quand l’un était dans ce monde, l’autre était dans l’autre, et ainsi de suite. Ils glissaient allongé au sol comme si le chemin était un toboggan savonné, ce qui m’amusa jusqu’à ce que j’en vis un qui calcula mal son coup et se prit violemment la porte en pleine gueule en se fracassant dessus sans pouvoir arrêter sa vitesse de descente. Ma lucidité revint au galop. Garçons + porte qui donne ailleurs = Guides. Donc passages de portes = passages dimensionnels.  Blocage au niveau de la porte + guide + accident qui lui reflète une difficulté et des impacts énergétiques subis = inacceptable.

– Ah non, criai-je gentiment en interpelant le garçon qui avait du mal à se relever. Je ne veux pas qu’on se fasse mal. Qu’est-ce qu’il se passe ici ? C’est la porte le problème, c’est ça ? Il faut arrêter le système d’ouverture de cette porte.

– « Bien, tu sais, on passe et on revient. », me dit le premier homme qui semblait habitué à ces manœuvres.

– Oui, je veux bien, mais c’est dangereux. Regarde, tu t’es méchamment pris la porte. Attends un peu, je vais régler ça. Je vais voir le Baron et on va changer tout ça. On va vous simplifier les accès. (Je me retournai vers l’allée en descente) Il faut arrêter ce système avec cette porte qui se ferme comme ça. Ce n’est pas bon pour vous. Ça ne marche pas. Je ne veux pas que vous vous blessiez en traversant les mondes.

– « Mais Camille… Ça va tu sais, on se débrouille, on y arrive plutôt bien d’ordinaire. Juste parfois… C’est un peu plus…pénible que d’habitude. Euuh… Tu ne vas quand même pas y aller toi-même ?! », me dit-il d’un air interloqué.

–  Bah si pourquoi ? Tu y vas bien, toi. Je ne vois pas pourquoi je n’irais pas. Je n’ai qu’à prendre le même chemin que vous et passer ce tunnel. Je vais leur parler. Tu vas voir, on va changer tout ça. Je ne veux plus la voir se refermer comme ça sur vous et que vous preniez des risques.

– « Mais-mais… ils vont sûrement te fermer la porte exprès. Ils ne vont pas  te laisser rentrer comme ça…  « 

– Je vais négocier l’entrée, tu vas voir. Ils m’ouvriront.

Le gentil garçon écarquilla les yeux en me voyant dévaler le pente douce en calcaire au pas de marche jusqu’à l’entrée qui se referma doucement en me sentant arriver. Elle faisait bien 1m80 sur 15 à 20 cm de large cette porte et descendait avec le grondement sourd de pierres se frottant les unes aux autres. Je n’attendais pas moins de toi…

– Tu peux te refermer, lançai-je à la pierre un rictus aux lèvres, mais je suis la reine des portes. Si tu crois que tu vas me résister longtemps… Je vais trouver ta clé. Il y a toujours une clé quelque part.

Je commençai à caresser la porte avec ma paume de main, sondant les traces énergétiques implantées dans la roche à la recherche d’un code pour désamorcer le passage. En deux coups de bras et un sourire rempli d’amour tant ces petits jeux m’amusaient toujours, je repassais sur un coin qui soudainement se fit plus mou et qui laissait entrevoir une très ancienne gravure.

– Ah… te voilà. Je t’ai.

Je souris et appuyai dessus de ma main entière qui s’enfonça de quelques centimètre, puis je lançai l’appel. Ce petit coin de porte était une reliance directe avec l’autre côté, comme un haut parleur caché.

– Baron ?…. Baron, c’est Camille. Je viens pour vous parler. Je sais que vous m’entendez, Baron. Ouvrez cette porte, je vous prie. Il faut que vous et moi parlions de nos membres et de cette porte. Je viens en paix et j’espère que vous accepterez cet échange. (*silence*). Allez Baron, s’il vous plait, ouvrez cette porte qu’on puisse discuter calmement de nos Clans. Nous avons des choses à revoir.

Un bruit sourd se fit entendre et la porte s’ouvrit lourdement.

– Tiens, tu vois, je t’avais dit, rétorquai-je amusée au garçon derrière moi.

– « Mais… euh…. fais….a… »

– Tout va bien se passer. Le Baron et moi allons juste parler. Ne t’inquiète pas pour moi, ça va aller. Je vais gérer.

Je rabaissai à peine la tête et m’enfonçai dans le passage dont la pente remontait et donnait directement accès à une vaste pièce d’accueil aux lumières très tamisées.

Un tout petit être vint à ma rencontre quand le niveau du sol se stabilisa à l’horizontal. Encore à quelques mètres de lui, je fis glisser ma jambe sur l’arrière et le bras sur les côtes, et m’inclina dignement à 90 degrés.

– Baron…. Camille. Je vous salue honorablement et vous remercie d’accepter cette entrevue.

Il ne faisait pas plus de 20 cm de haut dans cette dimension en rapport à la mienne, mais il n’était pas à prendre à la légère, la taille oscille entre les mondes et n’était qu’un détail d’ajustement dimensionnel. Je le voyais difficilement, la vibration oscillait péniblement et ma vision avec. Il me regarda, l’air dur et lâcha un léger souffle.

– Baron, la vibration m’est pénible dans le passage et c’est dur à tenir pour ma conscience. Accepteriez-vous que je vienne à vous, ce serait plus pratique pour discuter.

L’être fit un grognement d’assentiment avec un léger hochement de tête. Puis il tendit la main et me montra le chemin.

– Bien, je vous remercie, dis-je en m’avançant et en tentant de gérer mes flux internes pour ancrer ma conscience dans cet univers. Si Cela ne vous dérange pas, je vais m’asseoir sur… cette marche, là-bas, ok ? J’ai besoin de me poser, j’ai vraiment beaucoup de mal à me caler dans ce monde.

Il ne fit rien pour me contredire alors je pris ça comme un oui, de toute manière, j’avais vraiment besoin de m’asseoir. Je voyais difficilement et certaines zones de ma vision étaient pixelisées. Je repris mon souffle accroupie sur la marche. La pression était compliquée, mon corps ne se sentait pas appartenir à cette zone alors je devais le calmer et le poser ici, y mettre du poids pour le stabiliser.

Je levai les yeux et découvris la pièce qui donnait cette impression d’être dans un immense caveau. L’Ombre régnait en maitre ici mais cela ne me posait pas de problème en soi. La densité était pénible et lourde à gérer mais ne m’était pas agressive. Je me savais familière avec ce clan sans pour autant avoir aucun souvenir concret. C’était une évidence comme l’air qu’on respirait.

L’être vint s’asseoir à côté de moi. Bizarrement il avait maintenant une taille imposante et ajustée à mon corps. Ou serait-ce que mon corps s’était ajustée à lui ? Toujours était-il que je découvris qu’il s’agissait d’énergies féminines bien ancrées dans l’Ombre. Elle ressemblait à une guerrière africaine de plus d’un mètre quatre vingt très musclée et charnue, à la peau noire avec quelques bijoux et boucles d’oreilles en or, quelques linges en cuir, mais surtout, une présence très marquée par une ligne de conduite dure et implacable.

– Baron, c’est vous…

Elle ne dit toujours rien et regarda en face d’elle, l’oreille toujours attentive à mes dires.

« Hum. De quoi tenais-tu à me parler ? », dit-elle enfin le regard toujours perdu dans la pièce.

– De nos membres. (je me levai et commençai à sonder les objets qui m’entouraient) Ça ne vous ennuie pas si je peins en même temps ? Ca va m’aider à lâcher prise et à m’ancrer ici, c’est dur pour ma conscience, j’ai beaucoup de mal.

« Non, c’est possible. » (Elle se leva et revint avec une boite en bois, un pinceau et un vieux pot de vernis) « Tiens, tu n’as qu’à vernir ça. Ca m’arrangera au passage. »

– Oh c’est parfait… Merci.

Elle se rassit et me laissa le temps de reprendre la conversation doucement.

– Ce système de passage avec la porte, ça ne convient pas, Baron. Certains se blessent. (je continuai de tremper le pinceau dans le vernis tout en me concentrant sur la jolie et ancienne boîte aux abords très rustiques qu’elle m’avait présentée). Ne pourrions-nous pas envisager des transferts de nos membres ?  Je veux dire… pas définitifs bien sûr…

– « Hum… »,fit-elle en fronçant le regard.

– Par exemple, ceux qui sont chez moi et qui passe du temps chez vous, on pourrait leur gratifier une affiliation temporaire, le temps du transfert ? Qu’en pensez-vous ? J’accepterais vos membres, et vous accepteriez les miens. Comme ça, les accès seraient plus simples pour eux.

– « Hum. Ce serait envisageable. »

– Oui Baron, regardez, certains passent beaucoup de temps chez vous, et les vôtres chez moi. Cette porte, ce n’est vraiment pas pratique. Je ne veux pas que nos membres se blessent lors des passages entre nos mondes. Comme ce qu’il s’est passé tout à l’heure. Voyez. Je ne veux pas que cela se reproduise. Qu’en pensez-vous ?… Pour améliorer la qualité du passage et faciliter leur va-et-viens ?

– « Hum… Je suis d’accord. … Et Baka…ista ? »

– Oh Baron…. Je suis désolée… je n’ai pas toute ma Conscience… Je ne me souviens pas de qui il s’agit. Vous le savez sûrement, mais  ma conscience humaine n’a que très peu d’accès. Je dois gérer avec un minimum d’informations et c’est très compliqué pour moi… J’espère vraiment que vous comprendrez et que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.

– « Soit. Mais il était avec toi très récemment encore. Tu ne te rappelles vraiment de rien ? »

*un micro pixel se débloque à force de peiner à retracer le nom * Je voyais Ba… quelque chose se tenir là, à mes côtés dans une tâche précise. Je lui disais que je ne me rappelais pas de lui et que ça allait être dur de travailler avec moi avec ma conscience et ma mémoire scellée, mais il ne s’en offusquait absolument pas. La seule chose qui comptait pour lui était la tâche à accomplir, le reste n’avait aucune importance. Il me prévenait qu’il allait devoir partir et que la fois prochaine il devrait revenir pour plusieurs mois, plus ou moins.

– …. Euh…  ce nom me dit quelque chose… il…. Euh….. Hum…   la…. semaine dernière, c’est ça ?! … il était avec moi jusqu’à la semaine dernière, c’est vrai, et après il est rentré dans sa dimension temporairement. Comment ai-je pu l’oublier lui aussi alors qu’il était à mes côtés…

– « Oui. Qu’en est-il pour lui ? Quelles mesures aimerais-tu prendre le concernant ? Surtout qu’il va devoir passer du temps avec toi à nouveau prochainement. »

– Hum… Je peux lui proposer une affiliation temporaire pour lui faciliter l’accès. Mais qu’en pensent-ils eux ? C’est surtout ça qui m’intéresse, Baron. Il faut voir ce qu’ils préfèrent, eux. Il faut qu’ils le veuillent avant tout. Je ne vais pas les forcer à vivre ce transfert s’ils ne le souhaitent pas.

Elle hocha la tête d’acquiescement et machinalement, nous nous retrouvions toutes deux l’air interrogateur vers les concernés qui s’étaient regroupés à l’entrée du passage, à nous regarder  perplexe quant à l’issue de notre entretien. Quand ils virent qu’on leur demandaient leurs avis, ils furent surpris et sautèrent de joie sans attendre.

– « On est d’accord ! Ca nous arrangeait carrément !! «  s’écrièrent-ils en coeur.

Un peu de facilité semblait clairement la bienvenue. Ils semblaient ravis. Et moi aussi. Je souriais, satisfaite de savoir qu’au final, j’avais bien fait de m’occuper de ce problème qui pouvait aider nos membres respectifs dans la gestion entre Clans.

– Bon… Voilà ce que je propose pour les transferts, Baron. En binôme, afin qu’un de nos clans ne soit pas lésé par l’absence d’un de ses membres. Et s’ils sont contents et qu’ils s’y sentent bien…  Je ne vois aucun inconvénient à l’autoriser à passer beaucoup plus de temps chez vous, plusieurs mois, peu importe, le temps pour lui d’apprendre ce qu’il a envie et de s’y développer comme il l’aura souhaité, en fonction bien sûr,  de ce à quoi vous lui laisserez avoir accès. Et…

– « Ouais !! Trop cool !!! Youpi !! Je vais pouvoir rester ici !! «  s’exclamait un des jeunes garçons près de l’entrée en regardant l’autre.

Je souris, très contente de le voir satisfait par cette mesure, et finis ma phrase.

– Et en échange, j’accueillerai Ba…euh… Ba….ista de la même manière, avec le même honneur d’un de mes membres à part entière. Encore une fois, je suis désolée de ne pas me souvenir de son nom… Ma conscience… ma mémoire… Je… Il m’est très difficile d’y avoir accès… Tout m’est bloqué alors ce ne sera pas toujours simple pour lui de m’assister parfois dans ces conditions.

– « Yeah ! » s’exclama-t-il soudain en checkant les mains de l’autre tandis que l’autre commençait déjà à se projeter dans l’apprentissage de certaines aptitudes de l’Ombre qu’il avait souhaité approfondir depuis qu’il les avait entrevues à plusieurs reprises.

Baron vit les membres satisfaits et resta malgré tout, de marbre.

– « Bien. C’est d’accord dans ce cas. Je suis d’accord pour ces transferts. » 

Je la regardai et ne pus m’empêcher de sourire, encore. J’aimais que les gens qui m’entouraient soient bien, se sentent bien, qu’ils soient incarnés ou non. Cette échange était plus que favorable pour nos deux clans. Mais ayant rebasculé dans l’émotionnel, en un millième de seconde, je me retournai dans la couette et trouvai le tout quand même cool.

*soupire*

– J’te jure…  on gère le clan presque comme une équipe de foot… lol ! Dommage que je n’ai pas eu le temps de parler des spécificités de nos clans…

 

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2 Comments

  1. alexandre

    Bonsoir camille,

    Pas facile les negociations lol puis je te poser une question: le baron dont tu parles ,s’agit il du baron samedi, dieu de la mort dans le vaudou haitien?bises

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