En levant les yeux au ciel, je me dis que mon monde est loin. Je me rappelle avoir dit la même chose en parlant de la Terre lorsqu’on m’a demandé de venir ici, dans ce coin reculé de l’espace.
Vu de là où j’étais, la Terre n’était encore pas grand chose. Ce coin de galaxie était dans les prémices de sa formation. Il y avait tout à structurer dans ce monde pour qu’il soit stable et que des peuples puissent s’y épanouir et que la lumière puisse s’y développer dans l’amour. Les forces arrivaient en masse des 4 coins de l’espace et sous forme d’éther brut depuis les mondes déjà en place et fonctionnels. Ici, dans ce coin d’espace, avant, il n’y avait rien. Rien du tout. Tout a dû être livré, comme un full multipackage où la vie trainait avec elle la matière noire et les forces brutes qu’elle faisait voyager au gré de ses envies, et telle une tornade, elle envahissait un nouveau périmètre avant d’envoyer de l’aide pour y apposer les fondamentaux tandis qu’elle, elle continuait sa route, portant l’essence originelle avec elle.
C’était il y a tellement longtemps. J’avais si peur. Mon autre moitié aussi. Il ne tenait pas à ce que je vienne, et moi non plus à vrai dire. Pas du tout même. N’y va pas, m’avait-il dit en m’accrochant le bras, angoissé par le danger que cela signifiait pour moi. On venait de me tracer une voie d’accès en direct de la zone d’où je me trouvais, jusqu’à ce coin stellaire où seul le chaos régnait. Je voulais l’écouter. Je le voulais vraiment, mais je n’eus pas vraiment le choix. Je le savais, il le savait et on n’eut rien pu faire d’autre que de s’y plier. Quand mon clan demandait quelque chose, je refusais rarement, parce que je savais que s’il me dépêchait sur place c’était que les besoins étaient réels. Ils ne m’avaient pas proposée. Il m’avait demandé mon aide. Ce fut d’autant plus difficile de leur refuser en voyant la mélasse de matière en formation et la Terre qui tentait d’émerger de se frayer une forme et une identité dans le bordel sans nom qu’il y régnait.
Oui, ce monde était si loin et ne faisait pas vraiment envie. Depuis l’espace, ici était un chaos dans lequel tu ne savais pas trop comment les choses allaient arriver à cohabiter tant les forces s’entrechoquaient avec une puissance inconsidérée. D’ailleurs, les forces ne pouvaient pas cohabiter tout court. Elles n’arrivaient pas à trouver un ancrage dans une telle densité pour solidifier la structure. Alors tout un tas d’êtres furent dépêchés pour gérer l’implantation. Si cela ne tenait qu’à moi, je n’en aurai pas fait partie. Ce n’était pas une mission de routine. C’était contraignant, plus longue que toutes les autres, et enfermée dans un espaces-temps si dense que tes énergies nécessitait un recalibrage structurel complet.
Et pourtant aujourd’hui, maintenant, il y a la mer, et l’eau fraiche du weekend. Les rires et les repas entre amis. Il y a ces choses qui me rappellent que la vie ici peut être belle et précieuse malgré tout ce qu’on a vécu au-delà. Oui, tout peut être créé. Des choses affreuses, mais les plus merveilleuse qui soit aussi.
Parfois, nous avons tendance à oublier sur terre que nous avons la force en nous de créer un monde à notre image. Alors que tout dépend simplement de l’image que l’on lui donnons.
De rien, de tout, du chaos, un monde nait.
Bon weekend à tous