Le dragon accompagné de guides

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En levant les yeux, je m’émerveillais. Voir un univers aussi léger et lumineux en sortie astral était tellement rare pour moi, tellement que ces moments en devenaient précieux. L’air était bon et je rentrais en rase compagne sur les terres familiales. Je pouvais voir le scintillement du prana, tout ici était gorgée d’énergies belles, épurées et tellement hautes. C’était rafraichissant, et reposant. Je finissais tout juste d’aider ma cousine sur un petit noeud et son guide s’était manifesté.

En savourant le paysage, je ne savais même plus qui appeler. Le parking derrière la bâtisse était en effervescence. Un mouvement s’apprêtait à prendre place, un gros mouvement. Tout le monde rentrait dans les voitures. En passant, je vis une belle coupé sport noir, je souris. C’était sûrement celle de Chouchou. Mais il n’était pas là. D’ailleurs, où était-il ?… Que se passait-il ? Pourquoi tout le monde commençait à monter dans les voitures et moi, je me retrouvai seule sans savoir quoi faire ?

– Chouchou ?… Où est mon dragon ?! Chouchouuu ??… … J’appelle mon Dragon… T’es où ?

Tandis que je scrutai et zoomais sur chaque visage qui m’entourait, un homme habillée en costard, sûrement un chauffeur d’une personne riche, me fit un grand signe.

– Hum ?… Moi ?… C’est à moi que vous faites le signe ?…

Je ne comprenais pas qui était cet homme ni pourquoi un homme de son standing me faisait un signe. Il hocha la tête et me pointa la voiture, en réponse à mon appel, comme si Chouchou était à l’intérieur. Super. J’accourus.

Je fus surprise en découvrant le type de voiture dans laquelle je m’apprêtais à monter. C’était les anciennes voitures américaines pour riches et milliardaires. Dedans se trouvaient deux autres personnes mais toujours pas de Chouchou dedans.

– Où est-il ?! Il n’est pas là !

– « Hum… Il arrive… Il est là-bas… mais il a dû mal à revenir. Il fait son difficile et ne nous écoute jamais. Il est chiant… on passe notre temps à lui courir après…c’est usant… Il fait jamais ce qu’on lui demande… ça fait deux heures que je l’attends et il en a rien à foutre qu’on soit derrière à essayer de faire les choses. »

– Où ça ? Je vais l’appeler, moi.

Le chauffeur lassé qui était près de la voiture à attendre dehors comme un bon samaritain, me pointa le doigt vers le ciel. En levant la tête par dessus le capot, je le découvris au loin. Il était dans les airs sous une forme beaucoup plus déployée que celle que j’avais vu avant. Il faisait l’amplitude de 5 étages d’un immeuble et restait là, en l’air près de la tour du château, ailes totalement ouvertes. Mon sourire s’écarta comme pas possible.

– Chouchou !!! Criai-je amusée, qu’est-ce que tu fais ?! Et dire que je suis passée en dessous de toi et je ne t’ai même pas capté !

Il ne fit pas attention à ma voix alors je pris une belle inspiration et sifflai un grand coup. D’un coup vif, il tourna son long coup et releva la tête dans ma direction. Il avait reconnu mon sifflet. Il savait qui j’étais et me le fis bien comprendre, mais il ne bougea toujours pas. Je sifflai un deuxième coup et lui fis un grand signe du bras.

– VIENS !! m’écriai-je toujours amusée. Chouchou ! On t’attend pour partir ! Viens !

Ce Dragon était mon dragon chéri. Mon dragon à moi. Et il était magnifique, surtout lorsque je le vis brasser ses ailes et couper le vent pour me rejoindre sans discuter. C’était comme ça entre nous, il répondait à mes appels et je répondais aux siens.

En amarrant sa descente, Chouchou décomposa ses énergies et les modula en dragon de plus en plus petite taille jusqu’à pouvoir pénétrer la portière et s’avachir sur le siège arrière comme un jeté de sac à patates. Il rentra ses ailes et sous la vitesse, s’écrasa lourdement sur le siège arrière.

– Bouge ! ordonnai-je à celui qui était assis sur l’autre siège passager. A ses côtés, c’était ma place. Je n’allais certainement pas tolérer que quiconque ne se mettent entre lui et moi, pas même ses propres guides.

Le guide à l’arrière ne rétorqua rien, et de toute manière, ce n’est pas comme si je lui avais laissé le choix. Il n’y avait rien de courtois dans mon ton. C’était un ordre, et il valait mieux ne jamais se mettre en travers de ma route lorsque ça concernait mon dragon. Il me laissa lui grimper dessus et je me faufilais en deux-deux jusqu’à la forme de mini Dragon qu’avait pris Chouchou.

– Chéri…. Chouchou… Roohh t’es trop mignon…. ! Viens là… !

Plus les secondes passaient et plus ses énergies ne cessaient de se calibrer.

– Ca va Chouchou… Tu n’as plus besoin de réduire maintenant.., murmurai-je en le voyant réduire au maximum ses énergies qui prenait maintenant l’envergure d’un chien de taille moyenne.

Le chauffeur claqua la porte à l’avant et se mit à grogner.

Alors que je n’étais occupée qu’à caresser le ventre de mon dragon qui devenait de plus en plus doux avec un léger duvet qui apparaissait avec sa forme de dragon bébé, le chauffeur haussa le ton et cracha son venin avec violence dans sa voix, l’air amer et mauvais.

– « C’est chiant, il est infernal à gérer… C’est toujours pareil avec lui, on n’arrive pas, on est toujours à le trainer, et il n’écoute jamais… Pour lui faire faire des choses, … c’est usant, et ça me soule, et j’en ai marre… et. (et gna gna gni et gna gna gna…) »

Mon oreille finit par grincer. Je n’aimais pas son ton et supportais très mal l’insubordination. Il osait pester en ma présence, sur mon dragon, qui non seulement était son maitre, mais avait un statut de haut rang. Et là, sous prétexte qu’il était dans une forme juvénile, il parlait de lui comme de la merde… Non, je ne crois pas non.

– E-NOUGH ! ordonnai-je d’un ton sec en le regardant depuis le rétroviseur, You decide ! You decide whether you stay or leave. But you decide now ! You choose !

Un silence de mort prit place dans la voiture. Tout le monde se raidit en percevant mes humeurs prêtent à égorger quelqu’un. Mon dragon piqua subitement la tête vers le haut et vint se positionner au niveau de la mienne, comme pour faire front ensemble, en scrutant la menace potentielle qui me mettait dans un état d’instabilité émotionnelle certain. L’homme à l’avant s’arrêta de respirer et se mit sur la défensive en fixant mon regard sombre depuis le rétroviseur. Je l’enchainai sans attendre.

– Si cela ne te convient pas, vas-y. La porte est ouverte. Tu t’en vas. Sors de la voiture. Mais si tu choisis de le servir, alors tu lui es soumis. C’est comme ça.

Je ne supportais pas qu’on s’en prenne à mon dragon, et encore moins pour des conneries de ce genre. Le gars ne se sentait tout simplement pas à sa place et sembler vouloir être ailleurs, parce que s’occuper de Chouchou ne semblait être assez digne aux vues de ses compétences, et qu’il en était réduit à faire des tâches ingrates, tout ça parce que mon chouchou faisait son petit dragon capricieux et enfantin, et qu’il aimait faire les choses quand il avait envie et pas parce que ses guides lui donnaient des directives. Et alors ? C’était un dragon sombre. Et sous prétexte qu’il ne disait rien parce qu’il était dans sa forme juvénile, c’était une raison pour pester contre lui, son maitre ?

Le guide piqué à vif commença à grommeler en ouvrant la portière de la voiture tandis que je caressais mon dragon sur son ventre tout doux et qu’il se blottissait sur moi. Son oeil m’ouvrit en double vision sur ce qu’il voyait à cet instant, l’espace stellaire et tout un ensemble de constellations.

Voilà pourquoi chouchou ne répondait que difficilement à ses guides, parce qu’il était en train de regarder le monde avec sa vision draconique. Cela ne servait à rien de pester contre lui, il était à la fois ici et avec le monde, au sein des mondes. Là, il était en mode sauvage et instinctif, voilà tout… Alors lui s’énerver contre lui ne servait à rien… Il fallait le prendre autrement, et être patient voilà tout.

Son guide tiqua et s’arrêta ne sachant pas trop quoi faire. Partir ou rester ?  Il resta ainsi, pensif entre-deux, portière ouverte. Les deux autres qui accompagnèrent également en permanence mon dragon n’osèrent toujours pas se mêler de ce différent, peut-être pensaient-ils que ce guide avait été trop loin aussi. Les autres ne l’ouvraient pas, les autres ne pestaient pas. Alors pourquoi lui se permettait ce genre de propos totalement déplacés ? Personne n’osa m’interrompre.

– Et encore, tu râles, mais tu as de la chance, beaucoup de chance même. Il est beaucoup plus simple à gérer et beaucoup plus tolérant que moi. Lui qui est tellement gentil, tu penses qu’il est chiant et dur à gérer ?… Tu ne sais pas de quoi tu parles. Moi je suis difficile et compliquée avec mes guides, moi je les traite durement, mais lui… Tu sais, si cela avait été avec moi, tu aurais connu la vraie misère. Et je t’en aurais fait baver. Tu aurais raclé le sol pendant longtemps, … très longtemps…. Tu vois, pour tes mots, moi, je t’aurais tabassé. Tu aurais été durement puni pour ton insolence alors je t’aurai remis à ta place comme le chien que tu es, tu aurais été mon esclave, mon sous fifre, mon souffre douleur,  et tu en aurais tellement souffert, qu’à un moment, tu aurais même regretté ce jour où tu m’aurais choisie moi plutôt que lui… Estime-toi heureux de travailler pour lui et pas pour moi. Maintenant, si ce n’est pas ce que tu souhaites et que tu réalises que cela ne te convient pas, pas de problème. Tu peux prendre tes affaires et t’en aller. Va. Je lui trouverai quelqu’un d’autre pour te remplacer, un qui l’acceptera comme il est et qui ne passera pas son temps à pester parce que son maitre ne lui convient pas. Mais si tu choisis de rester, tu la fermes. Et tu t’exécutes. Tu fais absolument tout ce qu’il te demande et tu arrêtes de râler. Tu acceptes de le suivre et de te soumettre à lui.  Tu choisis.

Il agrippa fermement le volant, et détourna son visage torturé par mes mots.

D’un coup, mon dragon fit le pitre et se laissa glisser entre les fauteuils. Il trouvait toujours un moyen, celui-là, de détourner mon attention et me faire lâcher prise quand quelque chose m’énervait. Souvent il intervenait finement, subtilement, et m’interloquait, ou faisait le pitre et me faisait rire au pire moment. C’était son truc. Et ça marchait du tonnerre. Tout ce qu’il faisait, captait toute mon attention et me faisait oublier le reste, ce qui me permettait de lâcher prise et libérer toute ma tension accumulée par mes humeurs mal gérées. Toute la pression se libérait comme par enchantement.

– Chouchou ! Qu’est-ce que tu fais !? Tu glisses làaaa viens là !  Tu vois pas que tu te laisses glisser comme un chat le ventre à l’air ? Et qu’est-ce qu’il est doux ton bidon !!! C’est tout chaud, et tout doux !!

Un vrombissement se fit sentir. Le chauffeur venait de tourner les clés du contact et de faire son choix. La porte claqua et la voiture démarra en silence.  Personne d’autre dans la voiture n’osa rajouter quoi que ce soit. Soit.Qu’il reste ou qu’il s’en aille, cela m’était égal. La seule chose qui m’importait était que mon dragon ait des guides qui le traitent bien et avec respect. Le reste…

 

4 Comments

    1. Spiritual Flower

      Bonjour Aluna,

      Tu n’avais pas encore remarqué ?

      Je ne vais pas vous cacher que dans mon univers astral et mon quotidien, ça marche à la baguette. Je ne rigolais pas quand je disais que me cotoyer dans l’astral est à double tranchant. Mes guides le savent. Je les préviens. Le risque de pots cassés est grand. La récompense est belle, on fait de belles choses et on utilise de belles magies, mais le travail est dur et parfois même douloureux. Me gérer est compliqué et ils savent qu’ils doivent arriver en plus à canaliser mes aléas.

      Je ne suis pas un ange parfait qui ne voit que du beau et qui ne vous vend que du rose. Cette part de moi existe et parfois, disons que ma réalité est cruelle. C’est souvent expéditif et violent. Avec tout type d’entités, âme ou pas.
      Voilà pourquoi je fais tout pour ne pas m’énerver. Ca fait ressortir ce que je préfèrerai laisser endormi et bercé par autre chose que ce chaos et de la destruction qui m’anime.
      J’essaie d’apprendre la patience, l’amour et la compassion, mais honnetement, ce n’est pas mon fort.
      Je suis plus douée pour nettoyer au carsher.
      Mais bon… j’y travaille.

      Bises

  1. Emilie

    Bonjour Camille;

    Ce qui m’a le plus interpellée dans ton récit, C’est que la virulence de tes réactions soit déclenchée par l’amour que tu portes à ton dragon .  Pas de compassion ? pourtant tu te mets à sa place et prend sa défense. Un guide de mauvais poils. .. qui se ressemble s’assemble  (ben quoi, t’es pas fâchée ?).

    Peut être que tu leur donnes aussi un sacré exemple. .. C’est ma fille qui me dit quand je trouve qu’ elle y va un peu fort : « à ton avis, je ne fais que répéter ce que tu m’as montré  »

    On a tous besoin de se plaindre un peu par moment bien que pleurnicher se serve à rien.

    Bonne journée

    1. Spiritual Flower

      Bonjour Emilie,
      Et oui, qui se ressemble s’assemble. Et encore, je n’ai jamais connu de guides qui me traitaient aussi durement que moi je traitais les miens. Au contraire, ils ont la sagesse pour me montrer qu’une autre voie est possible, une voie différente que celle de la soumission.

      Vous savez ce qui est mignon ? Mon dragon est comme moi. Lui aussi s’interfère sans gêne quand il aime pas la manière dont certains me parlent. Oui, je n’en parle pas beaucoup, mais lui… rahlala. Y’en a pas un pour rattraper l’autre. Enfin si. Moi je coule. Et c’est lui qui me sauve.

      Bonne journée !

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