En pleine sortie de corps, je finis par atterrir au coeur d’une ville tout à fait banal à l’exception d’une construction en étage qui irradiait un rayon allant du sol au ciel.
Plus on montait, plus les étages se réduisait en circonférence. La tour finissait presque en pointe.
L’entrée croulait sous les assaults d’assaillants voulant conquérir et détruire l’ancrage lumineux présent dans la zone. Toutes les 3 secondes, une attaque se heurtait à la porte d’entrée. Une simple porte en bois dont la barrière de lumière rejetait tout ce qui n’avait pas l’autorisation de rentrer.
J’annonçai mon arrivée une fois devant la porte après avoir esquivé une flèche.
– En tant que régente, je n’ai pas d’autorisation à avoir. Je vais partout où je veux donc je rentre !
La porte s’ouvrit au son de ma voix. A l’intérieur, on aurait cru être dans un phare. De longs escaliers à monter, puis tout en haut, un étage avec des pièces à coucher, des bureaux.
– Où est le commandant ?
J’ouvris la porte sur laquelle était inscrit « commandant » et surpris un vieille homme en train de dormir dans le noir total. La lumière de la pièce s’alluma quand je mis le pied à l’intérieur. L’homme allongé dans le lit avait l’apparence de mon grand-père. Cela m’amusa.
– Ah ? Pourquoi prendre l’apparence de mon grandpère ? Je l’adore, c’est pour ça, hein ? Je le vois beaucoup en rêves en ce moment, c’est vous en fait, n’est-ce pas ? J’ai beaucoup d’amour pour lui. C’est pour ça que vous prenez son apparence pour m’atteindre ? Parce que vous savez que je l’aime beaucoup et vous voulez que je sente cet amour ?
Une voix d’homme sourit et irradia dans la pièce.
– « Exactement, Camille. Tu aimes ton grandpère, on utilise souvent son apparence en ce moment. » dit-il avec sa même voix.
– C’est perturbant, mais ça ne me dérange pas, j’adore le voir. je l’aime vraiment beaucoup. Mais vous n’avez pas besoin, vous savez…
La voix ria discrètement. « On aime bien prendre sa forme ».
– Sinon, je dois faire quoi ici ?
– « Est-ce que tu pourrais nous aider à changer une lumière en haut sur un des pics ? Il faudrait la remplacer. »
– Et je compte être payée pour ça, ou pas ? Non parce que j’en ai marre d’aider la Lumière gratuitement. Ça me fait chier de bosser gratos pour vous. T’imagine, sur Terre, si j’avais de la thune à chaque fois que je faisais un truc pour vous, je serai putain de riche.
– « C’est pour ça que nous avons mis en place un paiement par la Lumière spécialement pour toi. »
– Oooh ! Eh bin il était temps ! Depuis le temps que je le demande! … Je vous l’dis direct, je ne veux plus bosser pour la Lumière gratos. Je ne veux plus m’investir sans rien avoir en retour. Si vous ne me payez pas, je ne bosserai pas. Je ne ferai rien-du-tout. Je vous regarderai galérer sans rien faire.
– « Tes interventions seront maintenant payées par la Lumière. Un retour est prévu pour toi. »
– Merveilleux ! Là tout de suite, je suis nettement plus motivée. Tu veux quoi alors ?… file moi l’ampoule, je vais te la remplacer. Et du coup, je gagne quoi en échange ? Une arme, une épée… un artefact ? de la magie ?
L’homme à l’apparence de mon grand-père me vit pouffer comme une gamine, il souria lui aussi tout en cherchant dans ses tiroirs le matériel nécessaire au travail demandé.
Je n’avais aucun scrupule à demander à la Lumière un paiement. Je n’étais pas à la recherche de magie ou de plus de puissance, je ne ressentais pas la soif de pouvoir. Mais se faire payer était un moyen de trouver l’équilibre entre les forces dépensées et le gain. Les missions n’étaient pas pour moi, mais pour la Lumière. Mon gain direct était de zéro.
On pensait souvent à tort que parce qu’on travaillait pour la Lumière, tout devait être gratuit et dans le don. C’était un tort.
Ce qui est intéressant est de se pencher sur le « qui » travaille dans la Lumière et « pourquoi ». C’était déterminant dans l’approche et la vision des dépenses énergétiques vs gain (retour).
N’ayant pas une dominance lumineuse, pour moi, tout avait un coût, un volume énergétique, un niveau de force. Et ce niveau à dépenser pour obtenir le résultat était un coût direct pour moi.
Quand bien même c’était « facile » ou « accessible » pour moi, ce n’était pas une raison de me prendre pour acquis.
Ce n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose, qu’on doit le faire. Je n’aimais pas que les gens me prennent pour cresus, tout comme je n’aimais pas que la Lumière me demande sans arrêt des faveurs ou des services parce que ça rentrait dans le cadre de mes compétences et de mon rôle au sein de ce système.
Je n’avais pas l’âme du sauveur et encore moins de l’infirmier…
Je pouvais agir dans l’astral, mais quand j’en avais envie… mais ces derniers temps, la Lumière était bien trop demandeuse avec des missions tout aussi barrées les unes que les autres… Cela ne s’arrêtait jamais. Il y avait toujours des problèmes partout… Être neutre et ne pas travailler du tout m’allait très bien. Mais visiblement, il fallait croire qu’être en arrêt de travail n’était pas une option qu’ils souhaitaient envisager pour moi … Roh quel dommage !…