Notre ruban

Le Rouleau

 

Il est grand temps de savoir ce qui bloque entre nous. Et je ne lâcherai pas l’affaire. Rien, à côté, n’a autant d’importance à mes yeux. Tout devient secondaire, même mes questions les plus croustillantes ne sont mises en avant, qu’une fois une mise à jour effectuée sur mon principal dossier. Chaque rêve lucide devient alors une opportunité en or, aussi précieuse que l’information elle-même.Le monde peut bien se faire la guerre, les énergies cycliques changer, les passants sombrer dans leur crise politico-dépressive, rien ne suscite autant d’intêrét pour moi que mes intérêts personnels et je suis très loin de me soucier des infos ou de l’état du monde actuel. Les âmes qui frappent à ma porte attendront elles-aussi, quand j’aurai un créneau, certains soirs ici et là.

Parfois, je me dis que je n’en fais pas assez, tellement que je suis remontée à bloc, et parfois, je me dis qu’heureusement que je n’en fais pas plus, justement parce que j’ai peur de faire des conneries, et de dépasser l’éthique de « l’énergétiquement convenable », tellement que cette histoire commence à me rendre barge. Quand je suis énervée, je deviens particulièrement créative et conceptuelle. L’humain est vraiment capable de connecter des neurones tous aussi effroyables qu’extraordinaires, alors quand c’est le divin qui clique, ça va loin.

Mais pour le coup, cette fois-ci, je ne savais pas que j’irai aussi loin récupérer mes informations. Un jour comme celui-ci, je me fais peur moi-même, parce que je réalise que le monde est vraiment immensément beaucoup plus vaste que notre simple illusion qui nous permet de vivre tous les jours avec un semblant de stabilité psychique. Mais ça, sur le moment, je ne réalise pas. Sur le moment, je suis dans cette globalité, qui s’avère tout à faire normale et banale. Ce qui est, est. Et Sur le moment, je fais avec ce que j’ai.

Lorsque ce soir là, je me suis retrouvée lucide. J’ai immédiatement passé l’Appel. Je n’avais pas une seconde à perdre, j’étais énergétiquement stable,  motivée et sans faille apparente.

– Je suis chaud là…  Bon ça suffit !! Je veux savoir ce qui bloque et pourquoi ! Amène moi devant Lui. Où est-il  ?!

En réponse immédiate à mon ordre, mon corps lévita et s’activa comme une fusée à réaction. La vitesse atteint un rythme de croisière et traversa plusieurs barrières dimensionnelles comme on traverserait du petit lait. Placées les unes à la suite des autres, chacune d’entre elles me secoue davantage que la précédente. Porte après porte, j’ai bien compris que je changeais de dimensions, mais pour aller où ? Je n’avais pas le temps de me poser des questions, mon seul problème était de garder mon corps astral stable afin de vivre les transitions sans me réveiller dans le lit.

Nous avions beau être au beau milieu des étoiles, les accès donnaient l’impression d’être des grandes portes ovales électrisées par un courant lumineux qui rayonnaient dans la pénombre de l’espace. J’ai commencé à les compter puis j’ai perdu pieds à un moment donné. Lorsque de nouveau, un décor apparut, j’étais dans un autre monde, avec une terre ressemblant à la notre, de la verdure et surtout, des pièces avec des toilettes. Oui, des WCs, c’est là que mon corps a cessé de léviter, en face de cette femme qui m’indiquait a porte derrière laquelle il se trouvait.

– (X, mon Amour), Tu es là ? C’est moi, il faut qu’on se parle, je lui balance après avoir remercié cette femme, qui avait accepté de me guider malgré tout.

Clairement ici, c’était sa femme.Je n’avais aucun doute là-dessous. Dans cette dimension, il était en couple avec une autre. Il vivait un autre parcours de vie dans lequel je ne figurais pas. Mais soit, je m’en foutais. Ce n’était qu’un détail. Ce qui m’importait était mon monde à moi. Et dans notre réalité, nous étions ensemble.

J’entendis la chasse d’eau et ses habits se relever, puis il passa la porte et fut prit de court.

– « Camille !?… Mais… Qu’est-ce que tu viens faire ici ?!… Tu n’as rien à faire dans ce monde en distorsion ! «  qu’il me jete la gueule ébahie. Il devait s’attendre à tout sauf à ça.

– (X), écoute, je suis désolée de venir jusqu’ici pour te rencontrer, mais je ne sais plus quoi faire. Dans mon monde, on est sensé se retrouver et être ensemble mais quelque chose empêche notre réunion. Aide-moi à faire en sorte qu’on se retrouve, s’il te plait. Je sais que tu peux m’aider.

Sa femme,pensive, essayait tant bien que mal de nous laisser suffisamment d’espace afin de clôturer au plus vite ce sujet quelque peu improbable. Elle continuait d’attendre patiemment, le regard détournée, son mari assister une femme venue d’ailleurs.

– « Je sais, j’ai essayé de te donner les clés l’autre fois », qu’il me répondit comprenant exactement l’ampleur de notre problème commun.

Un flash me traversa, celui datant d’il y a quelques jours, où, en rêve, Lui me donnait un papier sur lequel était inscrit les clés essentielles. Pour une raison qui m’échappe encore, notre entrevue n’avait pas pu aboutir et je n’avais pas pu intégrer le contenu avant de me réveiller, du coup, ma mémoire avait totalement passé à la trappe cet instant qui ressurgit comme un bout de pixel mémoriel débloqué.

(Ouhlala, ça se voit que j’ai repris la lecture de romans… Mes phrases et ma syntaxe se construisent différemment sur mes posts maintenant… C’est pas encore parfait, mais bon… « ça se ré-élève le niveau » comme dirait si gentiment ma mère. Bref… no comment !)

– « Le problème est que tu n’as pas encore intégré certains Mots concernant votre Lien qui déverrouillent le blocage. Tu dois lire ces mots si tu veux que la réunion se fasse.

– Oui… je sais, je m’en rappelle, mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé ! Je n’ai pas pu le lire quand tu me les as gentiment transmis depuis l’autre monde… Je sais que tu les portes en Toi. S’il te plait. Redonne-les moi, encore une fois… 

Je le regarde, anxieuse, déçue de moi-même et de mon incapacité de n’avoir pas récupérer ces mots si précieux la fois dernière. Aujourd’hui, c’était ma deuxième tentative pour les obtenir.

–  » Tiens, le voilà… Maintenant, pars. Tu ne dois pas rester ici. »

Je tendis les mains, et il y posa un ruban blanc de la largueur d’une paume de main, long et circulaire, de la même amplitude d’un rond de bras. J’ai relevé la tête, émue.

– Merci (X), Merci beaucoup pour ton aide… Je te souhaite d’être heureux ici, et de vivre le bonheur avec ta femme.

Il sourit, prit sa femme par l’épaule, me jeta un dernier coup d’oeil et s’en alla sans un mot. Chacun son Monde et celui ci n’était pas le mien.

Maintenant que j’avais mes clés en main, la pression redoubla. Ne pas se réveiller, lire les mots, contrôler ses émotions et contrôler l’environnement tant en rester stable. En somme, la grosse merde.

Les yeux brillaient par l’émotion. Enfin, ces Mots si précieux qu’il avaient écrit spécialement pour moi… Je les serrais contre mon corps, et devais faire vite. Je n’aurai pas d’opportunité de voyager astralement avec de telles informations si fragiles en main.

J’ai trouvé un joli coin de nature, m’offrant une vue dégagée sur la plaine pour me laisser l’opportunité de surveiller les alentours avec précaution si besoin. Mais en même temps, j’étais en zone ouverte et accessible. Pas le choix. Il fallait faire vite. J’ai penché la tête sur le ruban et j’ai commencé à défiler.

– Oh…. ! …. Il a fait ça !!! …..

Des écrits, des paragraphes, des mots jonchaient le ruban de part et d’autre, tous contenant des émotions incorporées dans la couleur du stylo qu’il avait choisi pour m’impacter selon le sujet traité.

– J’ai vraiment un paquet de choses à lire… Putain… Comment je vais faire !! Jamais mon mental me permettra autant de lecture sans me réveiller…

Le stresse monta.

-Vite, commençons par un bout.

J’ai tiré le ruban au début. Il m’expliquait l’histoire de notre ADN à 4 branches et comment celui-ci avait été scindé en deux pour nous permettre de vivre en tant qu’individu distinct. Il me rappela combien nous ne faisions qu’un à travers le temps, l’espace et les Âges qui défilaient et que rien ne pourrait changer cela.

Le fil se tirait dans ma tête, me remémorant toutes mes expériences depuis la toute première fois… Ceci expliquait bien des choses. D’un coup, une énergie me prit par surprise et pénétra mon champ de vision.

Un homme était arrivé, gardé par trois de ses chiens. Il se rapprochait avec un regard intéressé.

– Qui es-tu ? je lui ai balance, serrant fort mon ruban, volant le protéger à tout prix.

– … « Je ne sais pas qui je suis… » qu’il me répondit les yeux luisants.

– Tu es mon guide ?…

– « Hum… Je n’ai pas souvenir de qui je suis. « 

– Ce n’est pas possible, tu n’es pas un de mes guides, sinon tu n’agirais pas de la sorte !… Qu’est-ce que tu m’veux ?…

Je sens le danger, et ses chiens, pas méchants, mais cet homme, pourquoi s’approche-t-il autant de moi ?

– « Je ne sais pas ce que je fais là… » qu’il me répond, toujours les yeux brillants.

Un autre homme arriva sur le côté et m’arracha le ruban des mains.

– Non !! Pas ça !!

Je me suis jetée sur lui, ce petit con, ce connard et tous les noms possibles et inimaginables qui me viennent à l’esprit.

Je dois en lire plus, je dois en lire plus! Je m’affolais dans ma tête, impuissante face à sa trop grande force.

Putain, c’est toujours quand on a besoin de sa force qu’on ne peut pas s’en servir… Pourquoi est-il plus fort que moi ? Pourquoi arrive-t-il à m’arracher ce que j’ai de plus précieux dans ma vie ? Il veut faire quoi de cette information de toute manière ? Parce que c’est précieux pour moi, ça l’est pour lui ? Et mes muscles, pourquoi se raidissent-ils ainsi ? Pourquoi j’avance au ralentit avec des capacités moindres ?

Il me regarda avec un sourire malicieux, vicieux et content d’avoir récupéré mon graal. Un dernier effort surhumain me permit d’arracher 15 pauvres centimètres de ruban, que je m’empressais de lire. Deux mots étaient inscrits dessus. Après tout, c’était déjà mieux que rien. Par un violent coup de bras, à peine ai-je eu le temps de les lire, qu’il me vola des mains le peu qu’il restait et détala à la vitesse de l’éclair.

Les larmes montaient, j’étais choquée, figée devant cette scène plus qu’improbable surtout à le vue de tout ce que j’ai enduré pour arriver dans ce monde… Même jusque dans un monde en distorsion on vient me faire chier et me mettre des bâtons dans les roues… Pourquoi me vole-t-on ? Pourquoi la source, le grand tout et mes guides n’ont rien fait pour protéger de ce que j’avais de plus cher pendant cinq pauvres petites minutes ? Pourquoi la Source m’accorde-t-elle des informations si c’est pour me les faire reprendre après ? … Je vous hais.

J’ai rebasculé dans le lit, les yeux effarés dans le vide, le souffle saccadé. 

– Tu me rendras ce que tu m’as volé. Je déploierai tous les moyens, mais La Source, je te jure que tu me rendras ces informations. Je te traquerai. Je vous traquerai tous et crois-moi quand je te dis que je retrouvai ces informations si tu les as gravées en moi quelque part. Mais me voleras-tu aussi cet Amour une fois que je l’aurais à bout de bras ?… Vas-tu me permettre de retrouver l’Amour pour me le reprendre après ? Me laisseras-tu un jour, une semaine, une année ? Combien de temps aurais-je droit au bonheur avant que tu décides de laisser quelqu’un passer pour me dépouiller salement et me replonger dans la misère ? Est-ce cela un cadeau ? Ne vole pas ce que tu m’offres.

Les larmes ont coulé tandis que ma mère dormait juste à côté de moi. Je me suis levée, accablée, décidée à partir en guerre à travers les mondes.

– Putain, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire bordel… Ces informations sont à moi… A MOI putain. Camille, putain, réfléchis… Réfléchis… Trouve un nouveau système, invente un nouveau système de traque. Putain, actionne le supra-mental, fais bouger tes guides, merde quoi !! Je dois détourner les autres barrières… P’tit merdeux… Tu vas voir comment je vais te pourrir quand on va se retrouver, après tout ce que j’endure… Ca me ronge. Ca me tue à petit feu. Ces mots, je vais les retrouver rien que pour pouvoir t’engueuler pour tout ce que tu m’as fait endurer.

 

 


Source: Rencontres d’entités 1

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