Collaborer avec les Men In Black

images33

Deux hommes en costard et cravate noire ouvrirent une porte dimensionnelle et se présentèrent, face à moi.
Je levai le sourcil. Ah… les sbires du gouvernement. Ça faisait longtemps que les men in black, comme je les appelais, ne m’avaient pas soulée.

– Bonjour, dirent-ils en chœur tout en me faisant un signe de tête courtois.
– Tiens donc… cela faisait longtemps. Et qu’est-ce que vous m’voulez cette fois ?
– On est embêtés. Il y a une dimension sur laquelle nous avons perdu le total contrôle. On ne sait plus quoi faire pour reprendre en main la situation. Pourrais-tu nous aider ?

Mon regard se durcit. Ils ne me voulaient pas de problèmes et visiblement, ils savaient me trouver quand ça les arrangeait. Ceci étant, pour venir me demander de l’aide, c’était qu’ils savaient plus ou moins mon champ d’application.

– Ça dépend. Faut voir.
– Regarde, fit l’un deux, c’est cette dimension-là.

Autour de son cou, était attaché un objet qui ressemblait fortement à un appareil photo professionnel, toutefois, l’objectif faisait plus de 15cm de diamètre et l’appareil était concu pour être maintenu par deux poignées latérales pendant son utilisation.
L’homme en noir releva vaguement l’objectif et le pointa aléatoirement en direction de ma droite. Il cala deux trois paramètres, puis appuya sur un gros bouton localisé à côté de l’objectif. Ensuite, un rayon d’énergie jaillit brutalement de l’appareil jusqu’au point fixé. Voilà donc pourquoi l’appareil avait deux grosses poignées latérales, pour ne pas que l’appareil ne leur échappe des mains au moment de l’envoi du courant.

La porte du monde en question s’ouvrit d’un coup à quelques pas seulement de moi, ce qui je devais bien l’admettre, m’amusa quelque peu. Ceux-là trouvaient toujours des GogoGadgets pour arriver à leurs fins dans leurs manipulations astrales.

– Ah la vache ! Ça marche super bien votre truc ! Fis-je amusée.

C’était fascinant de voir les petits outils astraux qu’avaient le gouvernement. Moi je n’en avais pas besoin, mais eux visiblement, savaient très bien compenser. Puis, à voir ressortir les fluctuations sombres et le chaos dans la zone, je compris aussitôt pourquoi ils se sentaient démunis. La guerre, la destruction, et la perdition. L’ordre avait disparu, du fait d’un soulèvement d’ entités rebelles. Le fait qu’ils voulaient maintenir de l’ordre sur ce monde ne m’offusqua pas plus que ça. Il n’y avait qu’à sentir les énergies sombres pour comprendre pourquoi il valait mieux que ce monde ne parte pas en vrille. Aussi, leur demande était justifiée et rentrait parfaitement dans mes valeurs éthiques.

– Hm, repris-je d’un ton sérieux, ok, je m’en occupe.
– Merci. On va t’y amener. Acceptes-tu de nous suivre ?
– Ok. Allons-y.

Plutôt que de me faire passer par la fenêtre dimensionnelle déjà ouverte, ils me firent prendre une voie plus sûre via un autre canal de navigation.

Une fois montée dans leur gros 4×4 blindé, je constatai un chauffeur à l’avant, une ribambelle de gadgets informatiques et techniques connectés à de multiples réseaux, des câbles qui pendouillaient ici et là, et les deux autres sbires qui se placèrent l’un à l’avant, accompagnant le chauffeur et lui donnant les directives, et l’autre à l’arrière à mes côtés. Tous deux agrippèrent leurs tablettes et pianotèrent dessus. Hm. Qui disait tablette des Men In Blacks, disait données des Men In Black, et comme j’étais fichée, il était temps de faire une petite mise au point.

Ma main attrapa la tablette du gars à l’avant sans lui demander son avis et je me replacai illico presto sur mon siège, curieuse comme une gamine de 5 ans munie d’un nouveau jouet.

-Voyons-voyons, fis-je toute émoustillée, qu’est-ce qu’ils ont là-dedans…

L’autre prit un air mal à l’aise et voulut me demander de rendre l’appareil, seulement, au moment d’ouvrir la bouche, il fut immédiatement coupé par le principal concerné.

-Laisse-la donc, dit-il en regardant la route, ce n’est pas grave, elle peut voir tout ce qu’il y a dedans.

Un coup d’oeil dans sa direction, puis de retour sur la tablette, ce n’était pas comme si je demandais leur autorisation de toutes manières. Je fis deux trois clics et tombais rapidement sur une colonne de noms rangés par ordre alphabétique.

-Alors… Oh… que vois-je…. La vache !!!  Tous les fichés !!! Putain, mais on est un paquet à être dedans !!!

Je scrollais vers le bas et je passais des centaines et des centaines de noms répartis un peu partout sur Terre.

A côté de la colonne des noms, se trouvaient les dates, et d’autres détails encore qui rendaient la ligne plus longue encore, comme les lieux et l’importance de la situation dans laquelle ils s’étaient manifestés au public et dans l’astral. J’avais beau scroller, j’en étais toujours à la première lettre. C’était fou. Je savais qu’on était nombreux dans leurs fichiers de référencements, mais de nous y voir inscrits comme des numéros d’ANPE, m’agaça malgré tout. Tous ceux qui avaient des capacités dites hors-normes, exceptionnelles, ou extraordinaires étaient inscrits là, leur ville, leur état, leurs aptitudes, leurs domaines de compétences…

-Bien, qu’ont-ils sur moi ?… (je tapais les trois premières lettres)… purée mais c’est fou ! Je dois encore rajouter des lettres pour me trouver tellement que y’a de noms… Oh… Et lui, il est cramé, mais plus que cramé… Une, deux trois, quatre, cinq, six, sept, oh purée… Alors lui, il est vraiment pas discret. Chaque fois qu’il agit, ils le référencent… Bon. Voyons moi. (Je finis de taper les lettres de mon nom de famille). Oh ! Une ligne ! J’en ai qu’une !

J’explosai de rire dans la voiture.

-Putain mais vous avez que dalle sur moi en fait !! Je me demande pourquoi je stressais à l’idée d’être fichée par vos services !… Vous avez rien sur moi, rien du tout ! Oui oh, cette petite fois, je sais quand c’était, la fois où je vous ai foutu en rogne et que j’ai agi contre votre gré, mais franchement, c’était rien du tout…!  (Je leur balançai la tablette à la va-vite), et dire que je me suis mise dans des états de stress pas croyables juste pour ce pauvre petit truc de rien du tout… Oh bah je suis pénard va ! C’est pas avec ça que vous allez me tomber dessus demain dans la rue !

Ils ne rétorquèrent rien, tandis que je regardai le paysage passer, soulagée d’un poids qui pesait sur ma conscience depuis des mois. J’allais pouvoir continuer à vivre mon quotidien sans à m’inquiéter de mes actions énergétiques et astrales. Et au vue de notre collaboration aujourd’hui, ils devaient l’avoir compris. M’embêter ne ferait que leur compliquer la tâche car malgré leurs GogoGadgets, il y avait de nombreuses choses sur lesquelles ils étaient totalement dépassés.

Lorsque je pénétrai enfin le monde en question, cela s’annonça complexe. Mes options furent réduites à une seule.

Une heure plus tard, je quittai la dimension via une brèche dimensionnelle que j’ouvris moi-même. Je tombais aussitôt sur une dimension chaleureuse, préparée tout spécialement pour l’occasion par mon Gardien de l’Ombre pour mon retour de mission. Il avait choisi de me réceptionner dans un espace fait uniquement de blanc, pétillant comme pas possible, et vibratoirement suffisamment haut pour que mes énergies se sentent soulagées et rafraichies.

C’était ce que faisaient mes guides, ils me récupéraient et me plaçaient automatiquement dans des dimensions optimisant ma récupération énergétique, ma guérison et mon bien-être intérieur. Toutefois, il me vit grogner et de mauvais poil.

-Camille, tout va bien ?

Je le toisai du regard et marmonnai dans ma barbe en fermant le passage par un simple coup de main, une fois quelques mètres avancés.

-Cette dimension était trop sombre pour moi.

-Dense, tu veux dire, me corrigea-t-il. Trop dense pour toi.

-Hm. Oui. Dense. Peu importe. C’était trop pour moi. Nan mais pourquoi faut toujours que je me paie des mondes aussi merdiques !?

-Tu t’en ai bien sortie. Te voilà leur Reine maintenant. Ils t’ont couronnée, fit-il en riant doucettement.

-Ecoute, ça va ! C’est pas comme si j’en avais envie ok ?… J’étais obligée de faire un coup d’état pour démonter le pouvoir en place, mais sinon, ça s’arrêtait là… Je ne pouvais pas faire autrement pour soumettre les entités et les déloger de leurs positions… J’ai pas eu 50 choix. Il fallait les outre-passer. Je les ai juste dégagées et elles ont quitté la dimension une fois leur main-mise perdue. Mais après, ce n’était plus mon problème, je les ai laisser reprendre l’organisation interne de leur monde. Je ne voulais rien avoir affaire avec eux.

-Mais une fois que tu as renversé le pouvoir, c’est toi qu’ils ont voulu à la tête de leur Royaume. Ils t’ont choisie comme Reine. Ils se sont tous rassemblés et t’ont nommée.

-Qu’est-ce que j’en ai à foutre, moi, d’être leur Reine !…  Ce n’était pas ce que je voulais à la base, …Je n’avais pas prévu que ça se passe comme ça…

Il laissa échapper un énième petit rictus en me voyant soupirer, puis me suivit dans mon élancée.

 

2 Comments

  1. Charline

    Bonjour Camille,

    Je me suis toujours demandé ce que faisaient les Men In Black.

    Et qui fichent-ils ?

    Tu as du courage d’aller dans des mondes denses. Déjà que le trouve la Terre dense… je suppose que cela n’a rien à voir.

    Tu as envie de rester libre, c’est pour cela que tu refuses le titre de Reine, n’est-ce pas ? Je le comprends bien, mon désir d’indépendance est le même.

    J’avance dans mon livre et je vais de surprises en surprises. Et ne parlons même pas de mes rêves. Je m’étonne toujours d’être aussi débrouillarde pour faire ce que j’ai à faire. La dernière fois c’était libérer des gens de leurs entraves. Ils étaient prisonniers. J’ai réussi à m’en sortir et en plus j’étais poursuivie par leurs geôliers. J’ai l’impression d’avoir été aidée par un être mais j’ignore qui ni comment il s’est enfui. En tout cas, c’est bien inspirant !

    Je te souhaite une bonne journée.

    Bien à toi.

    1. Spiritual Flower

      Bonjour Charline,
      En fait, ce n’est pas tant pour rester libre que cela m’ennuie, c’est parce que j’ai déjà assez à gérer comme ça, et qu’en plus, j’adore ne pas avoir de contrainte. J’ai la sensation d’avoir des problèmes en plus à gérer, et en même temps, si maintenant tout le monde se tient à carreau là-bas, cela devrait aller ! lol !
      Ton rêve est joli, il montre la force que tu as en toi.
      Je te souhaite d’aller au bout de ton projet d’écriture.

      Bises

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

17 − 17 =

error: Content is protected !!