Fermeture d’une prison astrale vieille de 1000 ans


Partout autour de moi, du sang à profusion.

Je venais d’entrer en combat astral. Enfin, combat était un bien grand mot. L’attaque avait été lancée. Ce fut une attaque de corps à corps. Simple, basique en apparence, sauf que chaque élan comprenait un ensemble de coups mené par lot. Ce fut une déferlante rapide qui dura quelques secondes à peine.

Mes énergies sombres s’activèrent et voilà un sourire qui remontait des tréfonds. La chair, le sang, l’excitation du combat, ma furie sortait le bout de son nez avec le plat qu’on lui mettait sous le nez.

Ces énergies me faisaient peur, pour autant, elles étaient fascinantes. Elles avaient été conçues et bâties pour massacrer dans des temps très reculés. Rien de ce qui les composaient n’étaient beau, doux et merveilleux. Elles étaient sombres, brutales et effroyablement létales.

En même temps, dans l’astral, pour reprendre le contrôle d’un territoire perdu aux mains d’entités malveillantes, il n’y avait malheureusement pas de « bon procédé dans les règles ». Tous les coups étaient permis. Celui qui remportait le coup d’état et qui faisait plier les dirigeants était celui qui gagnait la bataille. Voulaient-ils se rendre ? Jamais, bien évidemment. On appliquait donc la féroce loi du plus fort.

La pâleur de mes mains fut en un instant baigné par un liquide rouge vif coulant et encore chaud. A chaque fois que j’enfonçais un bout de lame dans son corps, je sentais sa chair fraichement meurtrie glisser contre mes phalanges. Mon visage et mes vêtements furent douchés en rythme parfaitement synchronisé sous les coups portés. Une seule rafle de coups suffit pour sceller l’issue du combat.

Je ne l’avais pas tué, sciemment, mais blessé suffisamment pour qu’il le sente bien passer.
L’homme s’effondra à genoux. Il n’avait plus la force de tenir debout. Il courba le buste en tentant de maintenir ses plaies ouvertes tandis que mon premier objectif était atteint.
J’étais plutôt satisfaite. Je m’étais arrêté à temps. Par contre, la pièce de 15 mètres carrés avait été entièrement repeinte. Personne n’aurait aimé voir et assister à une telle scène. Voilà en partie pourquoi je ne souhaitais pas que des âmes incarnées me retrouvent en mission astrale. Parce que c’était moche. Très moche. Très cruel et extrêmement dur à supporter. Il fallait avoir l’estomac vraiment bien accroché pour me suivre dans les zones difficiles. Et ce n’était pas toujours moi qui créaient les pires horreurs… Il fallait voir parfois les scènes auxquelles j’assistais… Les technologies, les horreurs faites dans ces lieux avec des tortures improbables…

Je trouvais le monde astral dur, affreux, et parfois tellement cruel.
Et en même temps, je me sentais aussi triste, honteuse et coupable d’incarner une force aussi destructrice. Mais je ne pouvais nier qu’en temps de guerres, mes énergies sombres étaient celles qui géraient le mieux les situations sombres et complexes.

Le pseudo gardien respira péniblement. Il tenta de s’agripper à un bout de mon pantalon puis releva son visage torturé par la douleur. Il fut effaré par ce qu’il vit posé sur lui : un sourire.

– « Monstre… Tu-tu es un monstre… tu es un véritable monstre… » articula-t-il.
– Que veux-tu. Parfois il faut un monstre pour tuer un autre monstre.
– « Moi, un monstre ?… Si moi je suis un monstre… toi tu es pire…tu es pire qu’un monstre…Tu es mille fois pire qu’un monstre… tellement, tellement pire… »
– Oui. Tu as raison. Je suis un monstre. A la différence que moi, je n’aime pas ça. Au moins, je ne suis pas un monstre-psychopathe comme vous à jouer et manipuler toutes ces vies pour mon plaisir personnel. Mais oui, je reste un monstre. Ça, je te l’accorde.

Sa tête bascula soudainement dans le vide, ses deux chevilles coincées dans une seule et unique main. Je le pendais sans retenue, à bout de bras, la tête dans le vide comme un cochon prêt à être dégorgé. Il tenta de redresser son buste en dépit de ses blessures, mais quand il vit ma deuxième main tirer sur ses vêtements et les arracher par un effet de tir forcé, il comprit là où je voulais en venir.

– « Tu… tu ne vas pas faire ça ? Tu es folle… tu es complètement folle ! Non… Non non pas comme ça! pas ça ! Je vais quand même pas finir comme ça ?!! »
– Hm. Si. C’est ton Programme après tout. C’est toi qui a aidé à le designer.

Il cria fort, se débattait comme il pouvait, ma poigne ne céda point.
Je fis deux pas avec le paquet en direction de l’élément phare de la pièce : cette espèce de croix de Saint André revisitée en version médicale.

Lui fut ballotté de gauche à droite le temps de la maigre marche. Je pris soin de le poser presque délicatement sur le métal glacé. La tête devait être placée en bas, et le ventre contre le support central, donc dos à moi, les pieds tout en haut, et le corps totalement naturellement allongé sur les plaques en métal préformées. Le tout devait être fermement sanglé pour ne pas que le corps tombe pendant la descente dans le sous-sol caché en-dessous.

Afin de s’assurer du bon fonctionnement de la machine, c’était important de bien suivre le mode d’emploi. Le corps devait être bien positionné et prêt à l’usage pour les machines en bas. Il était essentiel que le sujet ne puisse pas bouger lors des opérations…

Ses chevilles furent donc attachées avec les sangles en cuir noir prévues à cet effet. L’écart des deux chevilles ne faisait pas plus de deux poings. Le buste fut ensuite sommairement sanglée avec un harnais blanc couplé d’un loquet en fer au niveau des côtes. Pour finir, j’attachais chacun des avants-bras, qui au contraire des jambes étaient, elles, nettement plus écartés.
Il fondit en sanglots, la morve coulait de son nez. De la bave luisait le long de son menton jusqu’à gouter sur le sol, à quelques centimètres de sa tête. De quoi se plaignait-il, celui-là ? Je l’avais laissé en slip, à défaut de le mettre nu comme toutes les victimes qu’il avait sanglées auparavant. Je lui avais laissé un peu de dignité, non ? En plus, j’avais sciemment omis le bâillon parce qu’il gémissait de trop…

Il se tordit la nuque pour étirer son oeil dans ma direction, résigné et impuissant face à ce qui l’attendait une fois le système mécanique enclenché. A nouveau, il me vit lui sourire agréablement.

– 1000 ans que tu fais ça, c’est drôle la vie, non ? 1000 ans que tu attaches des vies ici, 1000 ans que tu envoies des êtres au carnage. Je me demande combien tu en as tué pendant tout ce temps. Ça doit faire un paquet, non ?! Tu es passionnée en plus par ton travail, tu aimes faire ça, tu aimes les attacher ici… Comme quoi, le karma, ça te revient toujours en pleine gueule ! C’est fou, hein tu trouves pas ? La vie est bien faite ! Tu vas crever par la même machine que tu as conçue !

– « Je veux pas mourrir comme ça, relache-moi ! relache-moi !… Détache-moi… mourrir comme ça… pas comme ça… pas… »

Mon bras virevolta sur le pan de mur. Un son clinquant retentit. Dessus, il y avait un gros bouton rouge qui enclencha l’ouverture d’un sas caché positionné juste sous la table mortuaire. Un vrombissement s’activa. Une trappe ronde, à peine plus grande que le diamètre de la table verticale s’ouvrit lentement.
La croix de laboratoire était en réalité maintenue via un support latéral qui descendait dans le sol attelé sur un rail mécanique, tout droit à la verticale. Moi, je voyais ça plutôt comme une descente aux enfers. Ceux qui descendaient, ne remontaient plus jamais.

En bas, à quelques centaines de mètres plongé dans la noirceur, se trouvait dans les entrailles de cette dimension sombre, un laboratoire programmé pour dépecer des parties du corps, ils faisaient des modifications physiques, d’autres êtres te mangeaient une partie du cerveau, puis te rejetait en poupée dans un univers alternatif qui servait de jeu d’exutoire où tout était permis. Cela me rappelait vaguement le concept de la série Westworld, sauf que cette machination jouait avec la vie de vraies âmes et entités reconditionnées pour le divertissement de quelques uns.

La croix métallique s’enfonçait au rythme de 3 secondes par mètre. Je regardai son corps s’effacer peu à peu de la pièce sans une once d’empathie.

– « Tu es horrible, gémit-il la tête entrée dans le tunnel. Tu es atroce…. Tu te crois mieux que nous, hein ?… Tu crois que tu vaux mieux ? Regarde-toi, regarde ce que tu fais, tu es tellement pire que tout ce que l’on a fait ici ! Tu es pire qu’un animal, tu es tellement horrible… Tu ne devrais même pas vivre… On ne devrait même pas te laisser vivre. Quelqu’un comme toi devrait être…C’est toi qu’on devrait attacher sur cette croix !…  »

– Hm-hm. T’inquiète, moi aussi je me demande pourquoi ils acceptent de travailler avec moi. Mais il faut croire que tu es tombé sur un os aujourd’hui. Un poisson bien plus gros que toi. Et tu t’es fait bouffé tout cru. C’est con d’être tombé sur moi. T’as vraiment pas eu de bol, tu sais. Peut-être qu’un de mes compères aurait été plus clément et t’aurait laissé en vie en détruisant juste la machine… Mais qui a eu envie de traiter directement avec vous ?… Honnêtement ? Personne. Personne n’avait envie de se retrouver ici face à vous pour vous demander la fermeture totale de cette dimension. Ils craignaient tous que vous ne soyez pas coopératifs. Auriez-vous gentiment accepté d’éteindre votre programmation ?… Evidemment que non. Tu le sais. Je le sais. Alors c’est tombé sur moi.

La chaise continuait son avancée dans les entrailles d’un monde où seul le noir absolu régnait en maitre. Ma tête se pencha par dessus le trou de la salle maudite pour le saluer une dernière fois.

– Oh ! (ma voix fit écho dans l’immense espace caverneux). Ca craint là pour toi, on dirait ! Mais ne t’inquiète pas, tu ne seras pas tout seul en bas. Tous tes amis responsables vont te rejoindre très vite, au moins vous serez tous ensemble ! Tu vois, je suis sympa ! Je fais en sorte à ce que tu ne meures pas tout seul. Au moins, tu te sentiras accompagné. Vous mourrez tous par ce que vous avez vous-même créé. Vous finirez comme des pantins, de vrais petites poupées ! Comme tout ceux que vous avez mutilés. L’homme fini tué par sa propre machine, le comble, quoi ! Karma is karma, mon pote. Les Anges sont drôles, hein. Ils te renvoient parfois en pleine face exactement ce que tu sèmes. Le même coup. Allez. Amuse-toi bien en bas…. AH ! j’oubliais. Sinon je te rassure, après vous, y’aura plus personne. la machine sera entièrement détruite. Vous êtes donc les tous derniers à passer. Profitez-en bien surtout.


Le corps disparut dans l’ombre, sa voix ne m’atteignant plus.

Je me retournai vers mon dragon incarné en un jeune garçon qui se tenait près de l’entrée, son oeil suivait constamment le moindre de mes mouvements. Il avait reçu bien malgré lui une longue trainée de sang sur le visage mais ne disait toujours rien. Il me regardait en silence.

Et dire que l’heure d’avant, je l’avais retrouvé la tête en bas attaché sur la croix… Il avait jugé intéressant de tester la machine pour aller évaluer le niveau de noirceur en bas. Je ne l’avais pas bien digéré. Vraiment pas bien. Je l’avais senti stressé quand il était bâillonné, tête en bas totalement attaché. Je m’étais alors empressée de le libérer avant d’aller faire moi-même un tour dans la cave maudite… Je préférais toujours faire les infiltrations plutôt que lui y soit confronté. Je craignais toujours pour lui, même si au final, c’était toujours lui qui venait m’aider…


– Il a dit que je suis un monstre Chouchou…, bredouillai-je avec une petite moue de bébé. Je crois surtout que toi aussi… En même temps… Qui de mieux qu’un monstre pour accompagner un autre monstre ?… En fait, on est un couple de monstres toi et moi…

Je disais ça en regardant l’état de mes mains ensanglantées jusqu’aux avant-bras. Trop de rouge, trop d’horreur pour ma conscience humaine qui était lucide. Les combats sortaient toujours de toute éthique humaine et terrienne. J’émis un claquement de doigts et toute la couleur rouge qui inondait la pièce fut transformé en un gris sombre, à l’exception de quelques trainées ici et là dont le sang qui entachait mon dragon.

Mon pantalon servit d’essuie tout pour les mains. Un autre bout de déchet de linge servit de serviette. Je voulais vite nettoyer le passage de mon lâché de furie sur lui.

– Désolée chouchou… je t’ai sali. J’ai un peu… heum… débordée. J’étais à la limite là… Je me suis sentie basculer, mais ces responsables me mettent hors de moi. Cette prison me rend dingue. Ils me rendent ouf ici. Mais je suis contente que tu sois là avec moi. Ça me rassure.

Il se laissa nettoyer stoïque, puis m’attrapa par la main et me tira hors de la pièce.

– Dépechons-nous de trouver tous les autres, dit-il en se mettant au pas. Ne perdons pas de temps.


Un magazine apparut soudainement de nulle part et retomba pile poil dans les mains. Il s’agissait de toute la documentation sur les dirigeants et créateurs de la prison. Une double page par personne. Celui que je venais d’éliminer fut barré d’un coup de stylo imaginaire. J’avais choisi en première cible, le Gardien en charge de la réception des âmes, de leur préparation et de leur descente en Laboratoire. Le liquider en tout premier me donnait une petite marge de plus pour éviter que d’autres âmes intègrent la machination le temps que toute la prison soit mise hors d’état de nuire. Je fis défiler le reste des pages. Il y avait entre 30 et 50 personnes à liquider…

– « Où veux-tu aller maintenant, ma Chérie ? Qui choisis-tu comme prochaine cible ? »

– Hm… je sais pas Chouchou… Attends… je regarde le document qu’ils nous ont préparé… Ah, prenons celui-là. Il est un Ingénieur type « actionnaire » et devrait être soumis aisément par les énergies sexuelles sombres. Ce sera facile. Son QG n’est pas loin. Il est un de ceux qui a eut l’idée de départ et se réjouissait de créer son idée de merde. Il a préparé toutes les analyses pour trouver d’autres membres et les embarquer avec lui. Il me dégoute. Les autres ne sont pas mieux, mais bon… de toute manière, ils vont tous y passer. Je vais tous les trainer sur cette chaise maudite.

Le magazine s’évapora dans l’air et mon dragon me reprit la main.

– « Bien, hâtons-nous ma Chérie, nous devons accélérer le pas d’accord ? »

5 Comments

  1. wille

    Coucou Camille,

    Dans l astral tu côtoies des âmes incarnées sombres et malveillantes ou c toujours des âmes non incarnées ?

    As- tu déjà rencontrés des âmes malveillantes qui sont passées sur terre qui sont désincarnées actuellement ?

    Petites questions qui me viennent après la lecture de ce post!

    Bien à toi et à Chouchou.
    bises

    1. Spiritual Flower

      Hello Wille

      Cela dépend ce que tu appelles côtoyer…
      Je travaille avec le sombre donc forcément il ya toutes sortes d entités qui sont en lien. Certains travaillent dans le but lumineux comme moi et d’autres pas du tout… c’est ces derniers qui foutent le bordel.

      Concernant les âmes, j’en croise de tout type incarnées et désincarnées Mais beaucoup moins fréquemment. J’aime pas avoir affaire avec des âmes humaines. Toujours trop de problèmes. Sauf quelques cas ici et là.

      😉
      Mais si ta question c’est vraiment « Est-ce qu il existe des âmes sombres sur terre qui ne veulent absolument pas le bien des autres? » La réponse est oui. Le problème c est que ces âmes là ne travaillent pas toutes seules. Elles sont accompagnées d’entités sombres désincarnées qui sont nettement plus coriaces car elles y trouvent des enjeux bien plus grands…

      D’où la guerre entre ombre et lumière sur terre. Ce sont des problématiques à très grande échelle.

  2. wille

    Merci Camille pour cet éclaircissement

    Donc il peut y avoir une influence sombre désincarnée sur les êtres sombres incarnés ici bas.

    Cela peut expliquer la période non lumineuse que nous sommes en train de vivre .
    l être humain à les 2 en lui (lumière et ombre).
    Et par facilité il choisit le sombre,non?
    Ou fainéantise ?
    Espérons un peu plus de lumière .
    Bien à toi

    1. Spiritual Flower

      La période sombre est une lutte de pouvoirs en cours.

      La lumière va reprendre la main, disons que c’est en cours.

      Le sombre, intégrante à l ombre, comme la lumière, c’est une polarité, c’est un choix.

      Je me demande comment tu peux penser que choisir le sombre est par facilité … évoluer dedans est tellement dur…

      Les 3 voix sont très difficiles…
      Il n’y a pas de bons ou meilleurs choix. Il y a des objectifs différents.

      Nous vivobs dans un univers où la dualité est de mise. Il faut donc accepter que l ombre et la lumière feront toujours partie de cet univers. Toutefois, ce qu il fait la différence, c est que la terre n est pas conçue dans un objectif sombre mais bel et bien lumineux.
      Les entités seront donc forcées d être mises au pas et de respecter le nouveau territoire qui est entrain de s’affirmer.

      La tension actuelle est dû au fait que la pression s’intensifie dans les hauts plans et que le sombre tente une poussée. Ils n’aboutiront pas. ils le savent déjà et je pense que ça les énerve encore plus.

      Ça va s’arranger, mais avec un peu de temps. Beaucoup d entités travaillent et aident la terre. C’est juste que les gens ne s’en rendent pas compte 😉

  3. Fleur

    Bonjour Camille,

    « Here we are, don’t turn away now
    We are the warriors that built this town
    Here we are, don’t turn away now,
    We are the warriors that built this town
    From dust. »
    (Warriors Imagine Dragons)

    Des Bisous
    (cool pour Henri !)

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