L’amas d’étoiles rattaché à un Dragon

Une âme humaine que je connaissais bien vint à ma rencontre. Elle avait sollicité une entrevue.
Je me tenais dans un espace fait entièrement de lumière pure. Elle déboula, anxieuse, hésitante.

– Euh…. Hm…..

J’avais les yeux rivés sur un anneau magique qui lévitait à quelques mètres de nous seulement. A l’intérieur, il n’y avait que des Etoiles à n’en plus n’en voilà. En y dédoublant mon corps énergétique à l’intérieur, je pouvais naviguer à travers l’espace avec plus d’aisance et de facilité. Les étoiles, le confins, la matière noire, tout défilait à vitesse astronomique.
Le corps fixe, droit comme un piquet, et mon esprit, lui, était ailleurs, concentré entre ici et là, à la fois dans la zone et à la fois dans les confins.

Elle se rapprocha à pas de loups, sans geste brusque. Elle se racla délicatement la gorge. Je l’avais vu arriver, mais elle me sollicitait à un moment où j’avais vraiment autre chose à faire.
Mon corps énergétique à l’intérieur stoppa sa route et resta figé à l’intérieur, sur place en vol stationnaire comme si j’avais appuyé sur « pause ». Je tournai la tête vers la jeune femme. Elle semblait préoccupée.

– Je suis occupée là, lui dis-je simplement, je suis en cours de déplacement. Je ne peux pas gérer tes demandes. Tu veux me demander un truc à faire, là ? Bah, je ne peux pas. Je ne suis pas dispo.
-« Hm… je vois, oui… ce-ce n’est pas grave… » Elle se malaxa nerveusement les mains, penaud, elle fixa ses pieds.
– Tu veux venir avec moi ? Je suis en vadrouille dans les confins partie chercher Kornélius ! Je t’emmène si tu veux, ça va te changer les idées ! On va choper son amas et aller le voir !

Elle releva la tête, surprise.
– « Mais-mais je ne peux pas voyager comme toi ! Je n’y ai pas accès, je ne vois pas ce que toi tu vois… Je ne vois rien de ce que tu es en train de regarder. »
– Ah ? Tu ne vois pas l’anneau et les étoiles à l’intérieur ?
– « Non, je n’ai pas accès à ces énergies… »
– Bah avec moi, tu pourras ! Je te servirai de passerelle, je serai le lien. Tu ne veux pas voir ce que cela fait de parcourir l’espace et sauter d’amas en amas ? C’est tellement amusant !
– « Mais je peux pas ! Je ne vois rien, je ne peux pas naviguer dedans ! »
– Mais si-mais si ! Avec moi, tu verras ce que je vois. Mes yeux seront comme les tiens. Je serai ta porte, allez HOP ! (Elle ne dit pas non, je lui agrippai la main et plutôt que de fonctionner en projection de l’esprit en nous dédoublant, je la tirai avec moi et sautai dans l’anneau à fond les ballons ) C’est partiiiiiiiii !!

Un sourire béant m’envahit tandis que j’entendis ses cris de grand huit. En sautant dans l’anneau, cela nous avait propulsé à vitesse pharaonique tout en sachant que l’objectif dans ma tête était parfaitement clair. Il fallait que je retrouve l’amas rattaché à un Dragon, sa planète d’ancrage, puis enfin sa maison. Mais pour ça, je devais traverser toute une partie des Etoiles.

Elle à mes côtés, j’hurlai pour me faire entendre par dessus les bruits de frictions. Les lumières filaient comme des lignes, puis vint le noir béant.

– Regarde là, on sort d’un amas, et on va sauter la matière noire pour rejoindre ceux d’en face ! La ligne va se courber ! Ça va faire comme un toboggan à travers la matière noire, on va glisser, il n’y aura rien, puis l’amas sera à nouveau proche comme si c’était la porte à côté ! Regarde bien ! Ça va durer quelques secondes !! T’es prête ?? Regarde, en trois secondes !

Plus aucun son ne sortit de sa voix, ses yeux grands ouverts, sa mâchoire relâchée au plus bas, je serrais sa main au maximum pour ne pas la lâcher lors de sauts. Ce serait ballot de la perdre au milieu d’un espace noir où il n’y a strictement rien qui y vit….! Ca lui foutrait une de ses trouilles en plus de devoir aller la repiocher derrière.
Trêve d’humour.

Les points lumineux qui créèrent des lignes blanches lumineuses dans notre pseudo tunnel de déplacement rapide s’évanouirent brutalement.
Vint ensuite un petit haut-le-coeur, un effet d’aspiration avec une profonde sensation de vide intergalactique, puis la fin douce d’un toboggan avec l’apparition à nouveau d’une petite spirale d’étoiles qui grossissait à pleine puissance de zoom.

– Hm… c’est pas celui-là ! Il est plus loin derrière ! Allez, on le traverse vite et on continue de sauter derrière ! Regarde comme c’est joli ces spirales là, au milieu du noir ! Il y a rien, et d’un coup, il y a tout plein de vie entourée de rien ! C’est cool hein ?!

– « Tu vas où comme ça, Camille ? On va aller jusqu’où comme ça ? »

– Loin ! Je cherche l’amas qui correspond à mes énergies draconiques, celles avec lesquelles j’ai été en partie conçues. C’est l’amas de Kornélius que je dois trouver, mais il est pas la porte à côté, celui-là ! … Il est assez loin. Je sens qu’il est encore derrière par là-bas.

– « Comment tu fais pour voyager comme ça et vivre ça sans arrêt ?!… c’est juste insensé…. comment tu fais pour supporter une telle pression de matière noire ? »

– Bah quoi ? Tu ne trouves pas ça rigolo, toi ? Moi j’adore ! C’est un jeu de pistes ! Il y a rien de compliqué. Tu suis le fil dans ta tête et tu traces ta route. C’est comme des toboggans, il faut juste ne pas avoir peur et comprendre que l’espace se compresse et se dilate, les lignes se courbent. C’est un saut entre gravité, espace et temps, et nous, on butine dessus comme des abeilles. Tu comprends si je dis ça comme ça ?… La distance, c’est dans ta tête.

– « On est-on est au milieu de rien…. On voyage au milieu de Rien…! Tu sautes là, mais il y a rien du tout ! Derrière on ne voit pas ! »

– Mais si regarde, hop, ça y est, on a changé d’amas, j’accélère un peu la cadence parce que là on traine un peu ! Allez, hop, hop hop ! ( 3 zones d’amas supplémentaires passées en 3 pas effectués) C’est la matière noire qui fout un peu la trouille, c’est normal. Il faut arriver à s’y repérer. Il faut suivre ce que te dit ton coeur et suivre le fil dans ta tête. Quand tu sors, cette gravité provoquée par la création des planètes disparait alors, derrière, l’espace noir est un peu comme une glue qui porte tout. Il faut garder confiance que pour passer derrière, il te suffit de traverser. S’il n’y a rien dans cet espace, ni temps ni d’espace spécifique rattaché, tu peux lui donner la valeur que tu veux. Et une fois que tu as compris, tu glisses sur tes propres valeurs. Comme un accordéon. Tu choisis le mode de compression.

– « Mais il y en a partout, ça englobe tout ! C’est terrifiant ! »

– Les étoiles sont toutes là, à la fois en nous et autour de nous, derrière l’opacité. Il faut avoir confiance et considérer cet espace comme un espace libre non occupé. La matière noire, c’est juste un liant. On arrive bientôt, je le sens. Il est là tout proche. Hmmm (mon nez pointa en l’air en respirant lourdement) … je sens l’affiliation de l’amas… Hm… ce n’est pas sombre, tant mieux, cela m’évitera les combats. On devrait être peinards à terre. On va amorcer la descente une fois la planète déterminée. Tu peux m’accompagner à terre si tu veux et rencontrer Kornélius avec moi ou tu peux découvrir la zone à l’arrivée. Sache simplement qu’on risque d’être séparés à l’atterrissage. Mes énergies ne voudront plus perdre une seconde pour gérer ta présence alors qu’elles ont un objectif important à réaliser. Si tu arrives à me suivre, tu m’accompagnes jusque chez mon dragon créateur, sinon tu resteras auprès des êtres qui nous accueilleront une fois le pied à terre. C’est une zone sécurisée, tu ne risqueras rien auprès d’eux. Tu as compris ? Ce n’est pas grave que je ne sois pas à tes côtés, tout ira très bien ici. Il fait bon vivre ici, c’est une zone lumineuse. Je vais tenter d’aller à ton rythme un maximum, mais me connaissant, à un moment, je vais craquer. Tu me verras décoller subitement avec aucun égard pour tout ce qui existe autour de moi. Seul Kornélius comptera alors pour moi, tu n’existeras plus. Tu auras le choix, décoller et me suivre, ou tu ne sais pas voler, et je ne pourrai rien pour toi. Tu pourras alors visiter la zone ou retourner sur Terre sur ton intention. Tu n’auras qu’à demander à ton corps de rentrer à la maison sur Terre. Tu fermes les yeux et tu visualises la Terre. Tes énergies te ramèneront chez toi.

Un battement de cils plus tard, à vitesse éclair, on entra dans l’atmosphère d’une planète et on posait enfin un pied au sol. Des formes humaines vinrent à notre rencontre.

– Ok ? Tout ira bien d’accord ? Kornélius est gentil, ta présence sur son territoire ne lui posera aucun problème, que tu sois à mes côtés ou non. Dans un cas comme dans l’autre, tu profiteras des énergies et de sa protection. Tu as senti l’affiliation lumineuse de l’amas d’étoiles ? Ses énergies lumineuses se diffusent sur tout l’amas. Même s’il est posé sur cette planète, il impacte tout ce qui vit autour de lui. Voilà pourquoi c’est son amas, cela représente l’étendue de son territoire. Il est responsable de l’évolution de toutes ces étoiles qui le constituent. Tu sens ? Sa signature est partout dans l’air. Sens l’air pétillant, essaie !

Elle contempla autour d’elle. Le système contenait une étoile soleil aussi au coeur de la spirale, donc la température de cette planète était douce et agréable, un peu comme sur Terre. Il y avait une belle lumière diffuse, de la nature s’apparentant à une campagne basique terrienne, beaucoup de collines et des villages entre style ancien et moderne, propres, des routes de compagnes naturelles, et d’autres rues dans les zones d’habitations avec une forme de béton blanc, lisse et propre.
Dans l’air, il y avait des petits points pétillants, comme des micros étincelles qui jaillissaient ici et là.

– Tu vois ça ? lui dis-je en pointant la brise fraiche, Tu sens son énergie ? Kornélius rend toute cette zone très agréable à vivre.
(Je me tournai vers l’un des hommes qui nous accueillit) Amenez-nous à la demeure du dragon, s’il vous plait. Je viens pour le voir.

– « Euh…Au Château du dragon ? Euhm…. Hum, je peux vous y amener si vous le souhaitez, mais il n’y est plus. Il n’y demeure plus. »


– Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Comment ça, il n’y est plus ? Bien sûr que si, il ne va pas quitter sa propre maison, voyons ! C’est chez lui ! Pourquoi voulez-vous qu’il se barre de sa propre baraque ?!

– « Ben…si… Il l’a désertée. Il nous a quittés. Vous verrez par vous-même, suivez-nous, tout le groupe part en direction du village. Le château se situera dans le centre, sur la grande place. Vous le trouverez vide. Le dragon n’accompagne plus cette zone. Il n’est plus présent dans le village. Il est parti. »

– N’importe quoi.. ! Guidez-moi au village tout simplement, je vais l’trouver, moi.

Les hommes haussèrent les épaules, puis animèrent la marche qui reprit. En sondant l’air, je calculai les distances approximatives. Nous étions assez loin du village. Je n’avais pas toute la nuit pour marcher en rase campagne.

– On pourrait marcher plus vite, là ? Je ne vais pas tenir longtemps à ce rythme… J’ai pas fait la moitié de l’espace pour me taper une putain de randonnée en rase cambrousse, bordel de merde ! C’est aberrant ! Si je veux rien foutre dans un coin de nature, je le fais sur Terre, bordel ! Pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour ça !!

Les autres m’entendirent feuler et râler à tout va. Ils tentèrent d’accélérer la cadence. Marcher en sortie de corps n’avait jamais été mon dada. Tout était toujours trop lent.. méga trop lent… Un coup d’oeil sur mon amie, un coup d’oeil à l’horizon, un crissement de mâchoire, un levage de sourcils, et un début d’agacement. En me voyant pas loin de craquer, ils optèrent pour ouvrir une porte dimensionnelle qui nous déposa tous à la périphérie.

– Ah bah quand même !… Là, c’est plus pratique ! Merci hein ! Pff… long hein quand même ! Désolée, je peux vraiment plus là. Je craque ! Merci-salut ! Centre du village, immédiatement.

La magie s’activa. Je décollais et volais à vitesse lente à travers les jolies ruelles. Mon corps s’arrêta sur la place du village, rien autour de spécial. Mon amie ne m’ayant pas suivie, elle n’avait donc pas pu décoller. Pas grave. J’interpellai la première personne qui passa à côté.

– Bonjour. Pourriez-vous m’indiquer où est le Château de Kornélius, s’il vous plait ?
-« Ah ? vous voulez le visiter ? Vous pouvez, il est vide mais tout le monde peut y aller ! Allez tout droit là-bas, il est au milieu du lac, vous ne pourrez pas le rater. Ses inscriptions marquent l’allée centrale pour pénétrer la demeure. »
– Comment ça vide ? Mais non-mais non voyons ! Un dragon ne va pas quitter son propre château, enfin ! Voyons !! Roh… !!
– « Vous verrez Madame, cela fait longtemps que plus personne ne l’a vu ici. Seul son château est resté. Tout le monde le visite, mais personne ne l’a revu depuis longtemps. »
La dame me vit soupirer en roulant les yeux au ciel. Mon corps redécolla. Il fusa entre toits et ruelles, direction le lac.
– Kornélius ? Je t’appelle ! Tu es où ? Kornéééé liuuuuuuus ?? Je sais que tu es là ! Je te cherche ! Je viens pour toi ! Je me rends à ton Château pour te voir !

Le vol stoppa sur les berges d’un très joli lac, au milieu un petit et magnifique château de grosses pierres grises médiévales. Des pics immenses étaient plantés directement dans le lac et pointaient haut dans les airs pour que tout le monde puisse lire de loin. Sur chacun des sommets, une grosse pierre gravée. Ils étaient calés à différents niveaux du ponton, début, milieu et fin. Le 1er pic portait l’inscription gravée : KOR. Un peu plus loin, il était écrit NÉ, et sur le dernier pic qui marquait la fin du pont et l’entrée dans la bâtisse, LIUS.

– Décidément, on ne peut pas te rater, hein ! Je crois que tout le monde a compris que c’était ton territoire ! haha Je crois que je suis au bon endroit !

Je marchai au pas en m’adressant directement à lui tout en découvrant son infrastructure. Après le ponton, on accédait un RDC entièrement voûtée et ouvert comme un carrefour central souterrain. J’y croisais des visiteurs venus en famille.
– « Ah, vous venez aussi pour visiter ? » demanda une femme accompagnée de son bébé.
– Non, je viens pour parler avec Kornélius. Pas pour visiter.
-« Vous allez être déçue alors, le château est vide. »
– Roh, mais non, il est là quelque part, c’est sûr ! Un dragon est toujours relié à sa maison.
La jeune femme me vit prendre des escaliers et monter dans les étages supérieurs.
– « Vous verrez, tout est vide ici ! Bonne visite ! »

Sur un haussement d’épaules, je repris mes appels, il y avait 3 niveaux en plus du RDC, avec à chaque fois, des pièces de vie différentes.
– Kornélius, t’es où ??? Tu te caches ? Je sais que tu vis encore ici…. tu es forcément quelque part ! C’est ton château, tu ne vas pas quitter ta maison quand même, hein ? Bien sûr que non, tu es là, quelque part ! Tu joues à cache-cache ? Je sais que tu m’entends !

Au dernier étage, c’était sa chambre sous les toits. C’était assez petit, mais il y avait un lit, et défait de surcroit.

– Alors comme ça, « on » fait croire à tout le monde que tu n’es pas là ?… Mais c’est ton lit ça, tu dors ici tous les jours… (Mon sourire s’élargit en constatant une magnifique sérigraphie accrochée au mur des escaliers.) Oh, c’est toi là, n’est-ce pas ? Un dragon à deux têtes, un corps rouge magnifique, comme tu es joli ! Il est drôle ton insecte là par contre, tu as l’air de l’avoir bien domestiqué, ton machin vu comment tu tires sur les rênes !

Il était posé sur un très gros insecte qu’il chevauchait comme un humain chevaucherait un cheval. Juste à côté, sur un deuxième poster, il y avait un jeune garçon qui faisait du piano, cela ressemblait à une affiche pour une représentation de concert jazz.

– Ah tu aimes la musique aussi ? Tu en joues ? Voilà certainement d’où vient mon amour pour le piano.

Je tiquai soudainement sur la fenêtre ouverte et passai la tête dehors. L’arbre devant moi attirait étrangement mon attention. Il devait rôder non loin et voler autour. De dehors, on voyait juste ma tête sortie crier à tue-tête comme une gamine capricieuse.

– Kor-né-liuuuuuus ??? Allez quoi ?! Tu joues à cache cache !! Tu fais ton difficile ! Je viens de loin tu sais, je sais que tu es là ! Je te sens ! Je sais que tu dors ici, tu n’as pas jamais quitté ton château ! Je le sais ! You-houuuuuuu ! T’es oùùùùù Kor né liuuuuuuus ???!!! Réponds s’il te plait !! Allez quoiiii

Dans l’arbre immense sur l’autre rive de la berge, ses énergies de dissimulation s’ébranlèrent comme par magie. Juste devant moi, j’avais un dragon accroché à un arbre dont deux têtes reliées à son buste faisaient clairement la tronche. Son gros ventre reposait sur un entrelacement de branches, et sa très longue queue retombait presque jusqu’en bas. Il n’était pas de type européen mais asiatique, il n’avait pas d’ailes à proprement parlé. Il ondulait comme les dragons chinois.
L’une de ses têtes se tourna vers moi, puis souffla en faisant mine de m’ignorer. Il commença à s’agiter comme pour fuir la rencontre.

– Tu vas quand même pas me planter là ?! Nan mais je te vois, Kornélius ! Fais pas genre t’es invisible ! Tu es sous mon nez ! Oh tu es beau rouge lumineux ! … comme sur la sérigraphie, c’est une belle photo de toi dans ta chambre ! Tu vois, je le savais, tout le monde dit que tu es parti mais ce n’est pas vrai. Tu n’es jamais parti, tu as toujours été là hein. Tu veilles toujours sur tout le monde.

Il secoua ses têtes, regarda ailleurs, modula ses énergies en un jeune garçon qui me tourna le dos en pleine lévitation stationnaire, prêt à lancer un vol rapide.

– Attends Kornélius !! Je viens de très très loin tu sais ! Tu es le dragon qui a participé à ma création ! (Il tiqua net et se retourna timidement.) Tu as mis tes énergies en moi, Kornélius, c’est grâce à toi que j’existe. Tu sais, je me suis galérée à venir ! J’ai parcouru la moitié de l’espace juste pour te rencontrer. S’il te plait, ne me fuis pas maintenant. Tu comptes vraiment beaucoup pour moi. Tu es l’un de mes créateurs, Kornélius. Accepte de me parler au moins, hein ? S’il te plait. Viens me voir. Et Pourquoi tu boudes les gens comme ça d’abord ?… Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu veuilles te dissimuler tout le temps ?

Il se pinça les lèvres puis vola très lentement au sol en me fixant de son regard perçant, je sautai du haut de la tour et le retrouvai à mi-chemin. Je lui attrapai la main dessous le bras, ma tête reposa sur son épaule. On marcha tout collés l’un à l’autre. Lui regardait le sol.

– Alors Kornélius, qu’est-ce qu’il t’arrive, hein ? Dis-moi. Parle-moi. Pourquoi tu n’es pas bien ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait les habitants pour que tu boudes ? Tu ne veux plus les voir, je vois. Tu les évites.

-« Euhm… hm… Je faisais de la musique avant… et… j’avais même sorti un album… mais après, ce n’était jamais assez bien. Ils m’ont demandé de changer les musiques. Je devais encore et toujours changer plus et encore plus. Sans arrêt, tout ce que je faisais devait être modifié pour eux. Je devais être comme eux ils voulaient. Je devais faire comme eux ils voulaient. Ce n’était plus comme moi j’aimais, tu comprends ? Ce que je faisais n’allait jamais. Rien n’était jamais assez bien. Tous les sons, les airs que je proposais, ils me disaient toujours que cela n’allait pas ce que je faisais. Ils me faisaient changer tout, et ce qu’il restait, c’était pas moi. Mais ce que moi j’aimais vraiment… ils n’en voulaient pas…

– Ils n’aimaient pas ta musique à toi, c’est ça ? Ils voulaient que tu sois différent pour leur convenir à eux. Ils t’ont beaucoup critiqué. Alors tu as été vexé, tu t’es senti mal et tu as tout arrêté. Et comme tu te sentais mal, tu ne voulais plus les voir. Tu n’arrivais plus à faire ce que tu aimais, comme tu aimais, alors tu te sentais mal de ne pas pouvoir t’exprimer comme tu le ressentais en toi. Tu avais l’impression de ne pas pouvoir exprimer qui tu étais vraiment.

-« Oui. J’avais l’impression de ne pas avoir le droit d’être. Qui je suis vraiment, ce que je fais vraiment, ils n’aiment pas. Alors je ne fais plus rien. Je me cache. »

– Allons-allons Kornélius, ce que tu es, est très bien ! Pourquoi ne pas reprendre ta musique ? Ce n’est pas grave de ne pas être aimé de tous. C’est difficile de trouver que des gens qui aimeront toujours ce qu’on fait. Ceux qui aimeront écouteront, et ceux qui n’aimeront pas, n’écouterons pas. Il y aura toujours des gens pour qui cela ne sera pas leurs goûts. Si tu aimes jouer de la musique, joue pour toi. Fais-le pour te faire plaisir à toi, parce que tu aimes ça. Tu aimes jouer du piano, c’est ça ? Comme sur l’affiche de ta chambre ? C’était toi dessus, n’est-ce pas ?

– « Hm. »

– Du piano/jazz ?

– « Un genre de, oui, mais un peu plus « barré ». C’était à un concert que j’ai donné. »

– Tu aimes en jouer ?

– « Hm. »

– Alors rejoue. Tu t’en fiches des autres, d’accord ? Tu n’as pas besoin de te cacher. Fais ce que toi tu aimes. Ceux qui voudront ta présence, viendront t’écouter jouer. Ce qui compte c’est que tu fasses ce que tu aimes faire, et tu aimes jouer du piano… ce serait dommage que tu t’empêches de faire de la musique si tu aimes ça, non ? Tu ne voudrais pas réessayer de jouer, hein ? Dans un piano bar par exemple ? Ce serait ton lieu à toi. Tu pourrais y jouer quand toi tu le déciderais, tout comme toi tu le voudrais. Les autres viendront ou ne viendront pas, mais ce sera à toi, ce sera ton espace d’expression musicale. Tu pourras y jouer ton style à toi, et si les gens ne sont pas contents, ils ne resteront pas. Et moi je pourrai venir te voir jouer, pourquoi pas ? Au pire, ce sera trop barré mais ce n’est pas grave parce que je pourrai te sourire depuis ma table au premier rang dans la salle en sirotant une boisson. C’est bien aussi ça, non ? Les gens peuvent venir pas forcément pour écouter, mais juste parce qu’ils veulent passer un instant à tes côtés. Ça fonctionne aussi comme ça.

« oh… Bon…oui… je vais peut-être réessayer alors…je vais réfléchir… »

– bah oui, tu veux que je sache comment ce que tu fais sinon ?… j’vais pas deviner !

Il sourit tendrement. En marchant, bras dessus dessous, il m’amena jusque dans sa pseudo cuisine. Il me servit une tasse remplie d’eau chaude avec un sachet infusé.

– « Tiens, pour toi. »
– Hm. Ah, tu sais que j’aime boire le thé…merci. Tu dissimules tes énergies mais tu as toujours protégé tout le monde ici. Les gens ne le voient pas, mais tu n’as jamais abandonné personne. Tu n’étais plus visible, certes, mais tu t’es toujours occupé de la protection de tout ceux que tu croises. Je suis contente que ce soit tes énergies à toi que j’ai en moi. Tu es un bon dragon et tu as de belles énergies protectrices.

Il sourit à nouveau, puis pouffa presque en me voyant débattre avec le sachet de thé qui avait malencontreusement glissé dans la bouche en buvant.
– Merde avec ces conneries, ça va me faire retourner au lit !

Trop tard. La sensation me renvoya au lit.

ROH….. !


Ce qu’il y a de bien, c’est que mes guides, mes énergies et moi, on se frite comme chiens et chats, mais on se soutient à fond dans nos délires…
Il faut accepter que ce qui nous compose, est à la fois surprenant, déroutant, mais que chaque énergie a elle aussi son lot de problèmes personnels. Être à l’écoute, c’est aussi aider ces parts de soi à être plus en paix.

Comment est-ce que je peux me sentir bien, si en moi, je sens mes énergies draconiques qui n’osent pas s’épanouir et faire ce qu’elles voudraient réellement exprimer ?
Oui, cela est différent de ce que moi l’humaine je souhaite pour moi. Mais je n’oublie pas que j’ai joué des trucs un peu barré sur mes pianos que j’ai revendus il y a quelques années… donc… euhm… ahem ahem….

Les énergies qui nous composent ne sont pas des étrangères. Cela ne veut pas dire qu’elles représentent la face émergée de notre humanité, mais parfois, nous les exprimons dans des touts petits détails qui nous animent.

A défaut de pouvoir reprendre la musique à cause de mes oreilles, je peux accompagner ces énergies autrement, en les encourageant dans leur monde à elles, pour qu’elles se sentent bien.

DONC, je pense à deux noms de piano bar. « Venez chez Néné, c’est barré ! » ou alors « Kor-Kor, c’est fort ! »
Quoi ? Moi ça m’fait rire, j’adore !
« KOR-KOR », c’est mignon comme nom !
– T’es où ?
– Chez KorKor.
Ca passerait bien, non ?
ou alors… Kornélius BAR , classique, easy, on sait pourquoi on vient.
ou KBAR, mais ça fait un peu KPOP…. On est un peu loin du style coréen là….
Ohhhh j’en ai un !! KNL BAR, non ? mais ça fait un peu PNL genre rap…

Si les lecteurs ont des idées, je retransmettrai vos idées de noms ! Oui, nous on est des humains et terriens engagés dans les vrais problèmes galactiques !….

Ou tiens, j’pense à un truc « Le bar du Taime pas-Barre-toi! »
Non ?… Moi j’aime bien celui-là !
ou alors DRAKOR, comme accords de musique, mais mode dragon et kor. Ah c’est pas mal du tout celui-là !

Alors, vos idées pour aider ce pauvre dragon tout triste et tout timide à sortir de sa coquille ?


2 Comments

  1. Charline

    Hello Camille,

    Sacré voyage dit donc ! Vertigineux !
    Tu es maline, c’était sûr que tu trouverais ce dragon !
    J’ignorais que nos énergies pouvaient s’exprimer sur des choses si simples en apparence comme jouer du piano de manière déjantée ! Cela en dit long sur nos goûts, nos préférences, nos loisirs…

    Pourquoi est-ce plus facile de voyager pour certaines âmes que pour d’autres ? Et de manière plus ou moins consciente à partir de la Terre ?

    Quant à ton ami dragon… il a besoin d’exprimer qui il est vraiment par ce qu’il aime faire. Cela rejoint une problématique actuelle dans ma vie, comme quoi…

    J’aime bien « Kornélius Bar » et « Drakor » mais je propose « Enkor » ou « Akor lius » Et c’est vrai que Kor-Kor est mignon comme idée. 🙂

    1. Rêves Lucides et Spiritualité

      Bonjour Charline,
      Les dragons, comme toutes les entités, ont besoin de faire ce qu’elles aiment et ce qu’elles désirent dans leur être profond. Comme nous finalement.
      Ce qu’on aime, c’est ce qui nous touche, c’est ce qui résonne en nous. C’est ce qui nous épanouit. Voilà pourquoi on prend du plaisir à l’exprimer, le faire ou le vivre. C’est aussi le travail que l’on doit faire.

      Simple ? Non, moi aussi je galère à le faire. C’est un doux rappel pour notre vie, comme tu le dis si bien.

      Enkor ou Akor lius, c’est sympa ! Merci !! Je le note !

      « Pourquoi est-ce plus facile de voyager pour certaines âmes que pour d’autres ? Et de manière plus ou moins consciente à partir de la Terre ? »

      Eh bien, tu vois, c’est un peu comme une activité ou la pratique d’un sport. Certains aiment ceci et d’autres cela. Avec le temps, la motivation et les envies, certains pratiquent, d’autres non. De la passion à la pratique occasionnelle, tout le monde pratique en fonction du mode de vie, de l’aspiration, de la disponibilité et des énergies disponibles.
      Il y a aussi le parcours spirituel qui joue beaucoup car selon tes ouvertures et possibilités, tu es plus enclin à parcourir un chemin plutôt qu’un autre.

      Bises

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