De l’apprentissage au bourrage de crâne
La répétition est à la base un mécanisme de mimétisme pour parvenir à l’assimilation d’une donnée et ainsi parvenir à un apprentissage.
La répétition permet de passer outre la non-prise de la conscience, ainsi en répétant une information, elle finira tout “naturellement” par être d’abord considérée, acceptée puis intégrée.
C’est une manière “détournée” de faire en sorte que l’information non retenue par l’analyse de notre mental, soit par acte de répétition obligée de traiter l’information car vue que l’information revient souvent, il ne pourra plus la rejeter. Il sera donc obligé de l’intégrer à son mécanisme dans le développement de ses données.
La conséquence évidente sera qu’une fois la donnée intégrée au reste, elle viendra tout naturellement influencer les autres et celles à venir.
Le rôle de la répétition est fait pour prendre conscience d’un aspect récurrent non pris en considération ou jugé comme inutile pour sa personne, ou dans l’analyse que nous pouvons avoir d’une personne.
Le degré de la répétition montre alors le degré d’importance de l’appel et de la souffrance générée derrière. La prise de conscience est en réalité à prendre des deux côtés.
Pour celui qui émet la répétition, il cherche une attention, une écoute en l’autre. Il va alors utiliser la prise en considération de l’autre comme désir de modeler l’attention de l’autre.
La répétition signifie “Ecoutes-moi. et fais en fonction.”
Traduisez maintenant toutes ces fois où vous vous êtes répété. Cela fait en réalité beaucoup de choses où l’on demande de l’attention, n’est-ce pas ?
Voyez par exemple la vitesse à laquelle vous répétez les mêmes schémas que vous entendez consciemment ou inconsciemment ? on va répéter les mêmes gestes, ou les mêmes petites paroles que l’on entend souvent. Voilà clairement le mécanisme du mimétisme à reproduire ce qui est d’usage.
Utilisée de manière égotique, la répétition ne sert qu’à demander à l’autre ce qu’on aimerait qu’il fasse, pour nous. C’est un moyen de forcer son mental pour aller outre car il finira par céder car il ne pourra plus tenir ses barrières de protection à une idée qu’il à la base, ne souhaite pas prendre en compte.
Tout le monde a le choix de ne pas prendre en compte un aspect de la vie, de l’autre. C’est propre à chacun selon sa vision et les informations qu’il est capable de capter. Répéter sans arrêt une idée à quelqu’un c’est espérer qu’il cède et se conforme à lui.
On comprendra alors que la répétition dénote une souffrance pas des plus moindres vu qu’elle revient sans cesse à la conscience de la personne souffrante.
Imaginez que votre ami vous dise souvent qu’il a des problèmes. Et bien à force que le schéma se répète, l’information sera associée comme tel : cet ami = a souvent des problèmes. Et plus le schéma se répète et plus cela donnera : cet ami = a toujours des problèmes, puis vers : cet ami = que des problèmes.
La fréquence de la répétition engendre un acquis par association d’idées / d’images / de situations qui seront plus ou moins marquantes selon les ressentis de la personnes qui vont évoluer au cours du processus de répétition.
Le mécanisme de répétition marche aussi bien dans la parole, que dans les gestes et les schémas de la vie courante qui viennent se reproduire.
La répétition influe sur le moule des informations. C’est à la fois un apprentissage mais aussi un moule de façonnage.
Qui n’a pas appris les tables de multiplications par répétitions ? Rares sont les personnes qui ont des mémos techniques !
Le mental part du principe que tout geste répété devient acquis avec un propre moule de créer. On parlera alors par la suite d’automatisme.
Voyez par exemple comme les personnes qui souffrent de mode opératoire de répétions marchent par automatismes. Pour être entendues, elles peuvent par exemple, répéter beaucoup plus que d’habitude, parler plus fort, hausser la voix et ça fonctionnera toujours avec un élément déclencheur. Cet élément est : “Je veux être entendue.”
Seulement, pour les personnes en face, ce mode opératoire est plus ou moins délicat. Tout le monde n’assimile pas la répétition de la même façon car elle dépend de sa volonté à intégrer l’information qui motivera son mécanisme de défenses naturelles.
Plus la personne lutte et plus le rejet de l’information est violent. Donc plus une personne s’énerve face à la répétition et plus il a du mal à vouloir les entendre.
La manipulation commence là où l’on veut obliger quelqu’un à nous entendre. On va alors chercher ce mode opératoire sans tenir compte de la volonté de l’autre à prendre en considération un aspect particulier qui tient à coeur à la personne.
Le problème est donc là. C’est un aspect qui tient à coeur l’un et pas l’autre.
Celui qui fait fasse à une personne qui se répète souvent devra accepter que la répétition est un mécanisme d’expression de souffrances. En acceptant cela, il devra prendre conscience que malgré ce que l’autre attend de lui, il a le droit de rester lui-même. Il a le droit de prendre en compte un aspect jugé important pour l’autre sans changer de moules.
La différence fait qu’en acceptant que la souffrance ne lui appartient pas, il se permet ainsi de rester détacher face à la détresse et aux besoins de l’autre.
S’il décide de faire en fonction cela devient alors un choix, et non un automatisme pour lui.
Nombreux sont ceux qui pensent qu’ils ont moins de problèmes en cédant face aux problèmes répétitifs de leurs vies courantes. Ils en deviennent résignés et finissent par faire ce qu’à la base ne veulent pas faire.
Le “bourrage de crâne” et les “prises de tête” fonctionnent ainsi. Des problèmes se répètent, et la goutte d’eau arrive et l’un doit céder ( ou non) aux mécanismes de l’autre.
On retrouvera alors souvent les personnes qui disent “je suis obligée de, j’ai pas le choix, comment tu veux que je fasse, …”
Toutes ces personnes avant d’être résigné ont lutté à leur manière, car c’est le mécanisme de défense qui a forcément traité l’information avant de l’intégrer : toute idée non acceptée est d’abord rejetée.
Mais voilà, le problème revenant sans cesse et aucune autre solution ayant été trouvé, ils se sont résignés.
Cela ne veut pas dire que la répétition est mauvaise ou qu’il faille continuer de lutter contre. C’est juste un mécanisme d’apprentissage mental qui en devient physique en venant influencer directement les avis, choix et gestes de la personne.
Cela peut être un très bon outil pour apprendre un lot d’information, mais cela ne signifie pas pour autant que les informations sont correctement analysées entre elles et reliées à l’ensemble.
Une information peut être assimilée mais non comprise par la conscience. Voilà pourquoi selon le type d’information, elle aura besoin de plus ou moins de temps pour que les liens se fassent avec le reste des informations déjà acquises.
Il faut comprendre que dans les situations où l’on se répète, en réalité, c’est difficile pour la personne qui se répète, mais aussi pour l’autre qui subit cette pression plus ou moins forte et plus ou moins fréquente.
On comprend alors que dans les rapports humains, la répétition ne sert à pas accepter l’autre, elle sert à le soumettre. On pense que l’on veut apprendre à l’autre, mais c’est un leurre égotique.
Donc si vous avez des problèmes à vous faire entendre ou que vous souhaitez résoudre un problème récurrent, le mieux est de trouver un autre moyen de formuler vos mots car de la manière dite au départ, elle n’est pas prise en considération par la personne (ce qui est tout à fait normal vu qu’elle est différente je le rappelle), et d’autre part, de trouver une autre approche car parfois, la personne n’est tout simplement pas réceptive ou disponible à l’ouverture. Le mieux étant pour la personne qui se répète de prendre conscience qu’elle souffre d’un problème et qu’elle devra le résoudre en guérissant cet aspect d’elle qui le pèse et revient se manifester dans sa vie quotidienne, mais comme elle fonctionne par mécanisme, ce n’est pas forcément évident pour elle et cela lui demandera sûrement un certain temps pour comprendre son besoin d’attention et son attente à modeler les autres dans son moule de pensées.
Dans tous les cas, ne soyez pas dur envers vous-même ou envers l’autre, c’est un mécanisme égotique et qui dit automatisme avec des souffrances profondes.
Nous sommes tous différents, nos souffrances, nos attentes envers les autres, mais nous pouvons prendre conscience que nous n’avons pas à subir le poids des souffrances de l’autre, alors nous pouvons les accepter comme ils sont sans avoir à être coupable de ce que nous sommes réellement.
La compassion aidera à accepter l’autre et nous aidera aussi à nous détacher de ses attentes. Agir par compassion ne signifie pas agir par soumission.
Mais parfois, il est possible de ressentir que nous n’avons pas le choix, que nous devons subir. Comprenons alors que l’on peut écouter et ne pas être en accord. On peut compatir pour l’autre et le comprendre sans chercher à être quelqu’un d’autre. On peut aimer l’autre et faire des choix différents.
Cependant nous sommes conscients que le mental est tel que même si l’on refuse toute influence par répétition, nous sommes tout de même inconsciemment confronté à ce mode opératoire car il fait parti du mécanisme d’apprentissage, de la passation et de la connaissance de l’humain. Par exemple un enfant va répéter et refaire sans arrêt les mêmes mouvements pour apprendre à marcher. La répétition, au même titre que le mimétisme est d’arriver à évoluer au-delà de limites préfixées.
Nous pouvons apprendre en répétant sans pour autant s’effacer soi et nous apprendre aux autres sans avoir à les conformer malgré eux. Cela dit, cela implique de laisser la liberté de choix à l’autre, ce qui n’est guerre le fin mot de notre société actuelle de conformité et de moules.
Cela dit, rien n’empêche les gens d’apprendre une méthode sans s’y conformer par la suite. Libre à chacun de choisir ce qu’il estime être le plus adéquate pour lui. Cela fait partie de notre liberté d’être à partir du moment où l’on ne porte pas atteintes à l’intégrité d’autres personnes.
La répétition peut être un moule d’apprentissage qui enferme à un certain degré, non seulement la personne qui en souffre, mais la personne impactée en face. A vous de voir comment vous arrivez à vivre votre individualité au travers de ce schéma et comment et surtout si vous voulez et pouvez évoluer.
Dans tous les cas, la prise de conscience d’un schéma est une première étape vers sa libération.
Croire que l’on doive vivre un schéma perpétuel sans pouvoir en sortir est une fatalité. Si vous en arrivez à la, c’est que vous ne croyez plus que vous êtes maitre de votre vie, mais là, je ne peux rien faire pour vous.
On ne vit jamais les répétitions ou les schémas pour rien. Si nous les vivons d’une manière ou d’une autre, c’est peut être que nous attirons à nous des situations qui demandent des prises de conscience en vue d’un apprentissage particulier.
Tant qu’une information n’est pas comprise, et qu’elle a besoin d’être comprise, elle est répétée. Regarder au-delà de la répétition permettra de comprendre pourquoi on vit les schémas.
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