Qui pourra me sauver ?
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La notion de sauvetage apparait lorsque l’on se sent prisonnier d’un endroit ou d’une influence particulière et que l’on est dans l’incapacité physique ou mental de s’en sortir par ses propres moyens.
Ce n’est pas le simple fait d’aider quelqu’un mais de le libérer d’une issue de type fataliste. Le fait d’être sauvé revient alors à avoir échappé à quelque chose – ou quelqu’un qui pourrait nous blesser gravement et nuire à notre intégrité, et donc qui serait un enjeux de vie et de mort.
La notion de sauvetage revient à retrouver cette liberté de vivre que l’on n’a plus ou que l’on pensait que l’on aurait plus. Le rôle du sauveur est donc celui qui pense avoir la capacité de libérer des chaines qui nuisent à une personne.
On confond souvent le rôle du héros avec celui du sauveur, parce qu’on associe le rôle libérateur à la force du héros qui terrasse tout sur son passage pour suivre ses convictions et qui au passage, fait le Bien en sauvant des gens qui avaient besoin d’aide.
Certes, le héros et le sauveur se ressemblent car tous deux ont des capacités qui leur permet d’aider les gens. Mais au-delà de cela, même si on peut aider les gens, cela ne fait pas de nous des sauveurs ni des héros. On n’a juste « filer un coup de main », « dépanner quelqu’un », « assister une personne. »
Alors qu’est-ce qui fait de nous un sauveur ? Et bien c’est la reconnaissance et la foi que les autres vont venir placer en nous. Voilà pourquoi ce ne sont que des rôles, car ils sont nourris par les autres.
Personne ne peut sauver quelqu’un car tous avons notre propre rôle à jouer dans la création de notre vie et de nos choix. Même si on veut aider une personne, nous ne pourrons l’aider que si elle désire s’aider elle-même car tant qu’elle n’aura pas compris qu’elle est maitre de son chemin, elle dépendra d’une force extérieure pour venir compenser dans ses choix qui l’auraient placé dans une situation peu fructueuse.
Or, la vie ce n’est pas d’avoir des sauveurs à chaque fois que les choses tournent mal. Si elles tournent mal, il faut comprendre ce qui a fait que nous en sommes arrivés là, parce que ce n’est pas pour rien que nous nous mettons dans de telles situations.
Le rôle du sauveur va alors de paire avec le rôle des victimes, celles qui se sentent livrées à leur propre sort. C’est d’elles que les sauveurs vont venir se nourrir.
Il n’y a personne à sauver s’il n’y a point de victimes à libérer.
La notion de sauveur apparait tôt dans l’histoire avec les écrits religieux, comme si les peuples attendaient la venue de quelqu’un pour les guider. Voilà clairement comment nous nous positionnons lorsque nous ressentons notre désir d’être sauvée. Nous attendons en quelque sorte l’arrivée d’un homme en qui nous pourront avoir confiance car il saura être là pour nous.
Celui qui se croit sauveur va venir se nourrir de cette détresse émotionnelle. La personne ne sachant plus comment faire pour y arriver et voyant que l’autre l’aide, elle va y placer sa confiance, sa foi, son énergie et sa volonté de vivre. « C’est grâce à lui. Il m’a sauvé. » avec toujours cette notion d’être redevable qui va se caractériser par cet afflux de reconnaissance. « C’est mon héros, c’est mon sauveur, heureusement qu’il était là. »
Nous ne sommes le sauveur de personne, par contre, nous pouvons nous entre-aider, sans pour autant chercher à se nourrir de la foi des autres.
Si chacun avait foi en soi, alors tous comprendrait qu’ils sont le sauveur d’eux-mêmes parce qu’ils sont tous des héros.
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