Le Conseil de Mars

Un être m’interpella tandis que je discutais avec des guides.

– « Pourrais-tu nous suivre, s’il te plait ? Le Conseil de Mars à demander à te parler. Ils sont réunis et souhaiteraient ta présence lors d’un de leur Conseil. »
– Hm, fis-je étonnée, sourcil relevé. Baaah… Ok, amène-moi là-bas.
– « Merci. Si tu veux bien me suivre, par ici, s’il te plait.»

Plusieurs brèches s’ouvrirent faisant office de portes dimensionnelles. Il passa devant, puis enfin, tendit le bras en me pointant le dernier passage.

– « Ils sont là, si tu veux bien entrer. »
– Hm, acquiesçai-je rapidement.

En pénétrant la pièce, je découvris des êtres placés autour d’une lourde table de pierre accolée près d’un mur épais et imposant. L’espace était plutôt étroit et ne devait pas faire plus de 30m². La lumière du soleil paraissait intense, et semblait pénétrer violemment sous une faible protection atmosphérique. Il était évident que les conditions ici étaient plus rudes, plombées par la proximité du soleil.

Un homme se leva et pencha légèrement la tête en signe de salutations.

– « Voici le Président de Mars », dit mon guide en le pointant courtoisement de sa main raidie.
– « Et les autres personnes ici présentes à mes côtés, rebondit l’homme sur sa présentation, sont les membres de mon Conseil.»
– Hn. (Je saluai en une trainée de regard le tour de table.) Salut. Bah moi, c’est Camille, comme vous le savez déjà. Vous m’avez fait venir, mais là, je suis consciente avec ma part humaine incarnée qui dort en ce moment sur Terre. Je ne sais pas ce que vous attendez de moi, ni si je serai capable de répondre à vos besoins vu mon état actuel.
– « Ne t’en fais pas pour cela. Nous aurions aimé aborder certaines discussions et nous souhaiterions ton regard. Assieds-toi je te prie, tu es la bienvenue autour de cette table, aux côtés de nos membres. »

L’homme se rassit. Mon guide toujours debout à ma gauche, montra une chaise en pierre disponible face au Président. La table était ovale et ne contenait pas plus de 6 personnes calés dos au murs. J’allais pour m’asseoir, mais mon regard se figea sur le visage du Président, que je fixai, stoïque. Ses yeux croisèrent les miens, il devint gêné. Tous devaient se demander à quoi je songeais. En fait, j’évaluais en silence l’étendue de ses blessures devenues visibles. Plus je le regardai, et plus ses énergies devenaient accessibles.

– Tu as l’air de cuir !, m’exclamai-je subitement en réalisant l’état dans lequel il se trouvait vraiment.

Son visage laissa exprimer un relent de douleur. Ma compassion s’activa, et mon ton se fit immédiatement plus sérieux.

– On dit sur Terre que la température augmente avec l’évolution du Soleil, et je regarde votre peau, je le vois bien. Ils ne mentaient pas. Tu es en train de cuir à petit feu. Ton peuple est en train de cuir sous les rayons du soleil qui deviennent écrasants, n’est-ce pas ? Vous ne tiendrez pas longtemps à ce rythme. Vous allez finir par crever sur place, cuits comme des cochons. Il faudrait peut-être penser à vous délocaliser. Comment vas-tu gérer ton peuple ? (La tablée resta silencieuse, le Président crispa la mâchoire). Si vous ne voulez pas partir, il faudra trouver un autre moyen de rester, ou vous finirez par vous éteindre complètement.

Son regard se perdit au loin, pensif et peiné à la fois. Je pensais avoir des problèmes, mais à le voir ainsi, je me disais que d’autres avaient des problèmes bien plus graves.

– Tu es dans un sale état. Ton corps est bien amoché. Tu veux pas un soin, là toute suite? Je t’en fais un, vite fait. Hein, je m’occupe de toi ? (J’ouvris ma paume en direction de son visage et en préparant les flux à sortir.) Genre là tout de suite, maintenant que je suis, là ? Tu te sentiras beaucoup mieux après.
– « …Comment ?… (il clignait rapidement des yeux) Tu… tu me ferais un soin ?.. à moi ?… Mais-mais… pourquoi ?… », balbutia-t-il, surpris. Il ne s’attendait vraiment pas à ma proposition.
– Regarde-toi. Tu as vu ton état ? Ton visage est rougi de partout, les plaques gagnent du terrain. Ça me fait mal au cœur de te voir ainsi meurtri. Je devine que les brûlures sont étendues sur tout le reste de ton corps. C’est pareil sous tes vêtements, n’est-ce pas ? (Il n’eut pas la force de réfuter). Je peux t’aider. Si tu le souhaites. Tu n’as qu’un mot à dire.

Il sourit mollement, puis baissa les yeux en hochant négativement la tête. Il devait certainement penser qu’il n’y avait aucun mérite à le soigner lui alors que rien n’était fait pour son peuple. Ce que je respectais.

– « C’est généreux de ta part. Je vais refuser ton offre. Ce n’était pas pour cela que j’avais souhaité te faire venir. Je ne m’attendais pas à ce que tu me fasses une telle proposition… Je te remercie pour ta sollicitude.»
– Hm-hm. Comme tu veux. Mais toi et ton peuple ne pouvez pas rester comme ça. Vous allez finir par tous crever si vous ne prenez pas des dispositions, ou ne mettez pas en place un dôme pour limiter l’impact des rayons. Enfin, ce n’était peut-être pas le sujet d’aujourd’hui. J’espère au moins que vous n’êtes pas sur le point de subir une invasion et d’entrer en guerre, parce que la planète serait prise rapidement, surtout si ton armée est dans le même état que toi. Tu es affaibli et tu souffres. Tes soldats souffrent-ils aussi comme toi ? Ton armée est-elle apte au combat ? Je ne serais pas surprise qu’une invasion se déroule ici. (Je regardai derrière moi, la vue rétrécie du fait de la puissance de rayonnement.)

– Cet endroit est stratégique, il est bien placé, repris-je en visualisant en moins de deux, une stratégie de guerre invasive. Si tenté que l’envahisseur ait du pouvoir et de la matière, avec une technologie de pointe en ligne directe pour la récupération des forces émanant du soleil, et placés aussi proche de lui, la puissance serait inégalée. Ils pourraient créer de belles armes et alimenter toute une flotte sans effort ni crainte d’épuisement de ressources premières. Un territoire intéressant même s’il n’est pas destiné à durer, il finira par se faire absorber par le soleil, mais avant, il serait plus que prolifique. Honnêtement, si j’étais encore dans une évolution sombre, et que je voyais ton état, j’envisagerais une tentative sur ton territoire, je profiterai de ton affaiblissement, j’enverrais une Ruche, dissoudrais ton armée et raserais ton peuple. Je ferais de ce lieu une base militaire. Un excellent pied à terre dans cette partie de la galaxie. Ce serait le début d’une guerre vu l’emplacement au sein de ces univers lumineux, mais bon… Cette opportunité serait envisagée parce que cela créerait aussi l’ouverture pour asservir les planètes autour. Enfin, nous sommes au sein d’alliances, tu dois en bénéficier, donc… Enfin je m’égare, là n’était pas le sujet à la base. Bref.

Je fis un pas, et retombai lourdement sur la chaise, face au Président, toute ouïe.

– Bon, pourquoi m’avez-vous fait venir ?


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