Autres Vies

 

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J’ai envie de parler. Ce soir, je sens que j’ai plein de choses en tête, et que j’ai envie d’écrire, mais je ne sais pas trop quoi dire.

Cela fait longtemps que j’ai arrêté de dialoguer avec mes guides.

– que tu « crois » arrêter de parler avec tes guides ma petite.

– Oui, que je crois arrêter. Je n’arrive plus à dialoguer avec vous, je ne sais pas…tout ça pour moi, ce n’est pas cohérent aujourd’hui. Je n’y arrive pas. J’ai l’impression d’être folle.

– C’est ce qu’a dit ta mère ?

– Non… mais …

– A quoi penses-tu petite ?

– Bah j’en sais rien… à tout et rien. Ce soir, je rêve d’une autre vie ou tous, vous n’existez pas, comme ça, je n’aurai pas besoin de me soucier de tout ça, de savoir que je vis dans cette réalité… je suis triste ce soir. Parfois j’aimerai bien être normale.

– Tu es normale à nos yeux de grandeur.

– Je rame ce soir, je rame grave, parler de mon passé m’a donné envie d’y retourner et de vivre autre chose que je n’ai pas eu.

– Et que tu n’auras pas, car autre chose t’attend ici-bas.

– Hum. Je le comprends, mais tu ne trouves pas ça triste pour moi ? De savoir que je n’ai pas eu ce que je désirai tant, cet amour que je n’ai pas pu vivre, et cet enfant que je n’ai pas pu avoir. C’est triste aussi tu sais. Je le vis bien, mais voilà. Mais voilà, il y a ce « mais ».

– Ce « mais » qui se raccroche au passé au lieu de vivre le présent petite fille.

– « c’est grave docteur ? » lol…. tu sais je souris, mais je suis peinée. J’en veux plus de ces émotions. Je suis fatiguée de toutes ces années avec lesquelles j’ai vécu avec. Tu vois, il y a des fois où je me demande si ce ne serait pas plus simple de tout oublier et de tout recommencer.

– Et que ferais-tu ?

– Déjà, je pèterais la gueule à ces petites merdeuses qui m’ont mis un coup de pression au collège, ensuite, je pèterais la gueule à un des mecs qu’a eu ma mère et qui l’a fait tant pleuré, ensuite, j’enverrais chier mes frères plus souvent car ils m’ont mis la misère parfois étant plus jeunes pour des conneries en plus, c’était juste pour m’emmerder qu’ils agissaient de la sorte…. Et puis attends laisse moi finir, j’aime bien ta question, je vais aller jusqu’au bout. J’irai ailleurs aux Etats-Unis, je voulais pas me retrouver près des indiens moi, je voulais aller sur la côte..mais maman avait choisi pour moi….. et les gens de l’agence ont pris en compte son choix et pas le mien. Ensuite, attends, laisses moi finir. Je te sens qui veut dire un truc, mais j’ai pas envie de te laisser parler. Après, je foutrais une baffe à ma belle-mère pour toutes les misères qu’elle m’a fait juste pour être méchante et jalouse, après, je prendrai mon père en 4 yeux pour m’avoir toujours laissée tomber sous la méchanceté de cette femme, même quand j’étais enceinte et que j’ai avorté. Puis je dirai aussi à mon oncle qui s’est foutu de la gueule de ma mère et qui l’a prend vraiment pour une imbécile alors qu’il faut juste la comprendre et l’accepter comme elle est, et moi maman, je la trouve parfaite pour moi. Ensuite, à cette prof d’allemand qui m’a tellement mis la misère en cours… à vrai dire celle là, je n’ai que du mépris pour elle…. vu comment elle a été chien avec moi. Et parlons de toutes ces personnes qui m’ont laissé tombé comme une merde parce qu’elles n’avaient plus besoin de moi.

– Et tu n’avais plus besoin d’elles.

– Mouais… passons, j’ai pas fini de répondre à ta question. …

– Je profite de ce silence pour te dire que moi je t’aime, et je ne te quitterai pas.

– Hum. Merci. C’est gentil. S’il te plait, laisses moi finir c’te p*tain de question… je sens que ca me tient à cœur. (…) ah oui… Je dirai à ce connard aussi qui m’a fait trop de mal à insulter mon corps de cette manière là et à me laisser dans le silence avec comme seul mot, la valise sur le pallier de la porte, voilà pourquoi parfois je le croise dans le métro, mais que je l’ignore… qu’il goûte au Silence…. je veux plus le voir sinon je sens que ces 4 vérités vont fuser et ça va être très tranchant Lauviah, je te préviens. J’ai de la haine contre cet homme. Beaucoup de peine. J’ai été bien patiente, mais la force de ma patience a fait que mon corps a morflé par son attitude. Je ne veux plus le revoir. Tu m’entends ? Chaque fois que je le croise je me demande comment j’ai pu être avec un connard pareil.

– Et pourquoi as-tu été avec lui?

– Ch’sais plus et j’ai plus envie de le savoir.

– Si tu le sais. Tu le sais très bien même. Cet homme était là le soir, c’est aussi lui qui t’a offert un travail quand tu en avais besoin alors que tu rentrais tout juste de Chine. Tu ne voulais pas rentrer chez toi, et puis ce n’était pas chez toi, tu avais besoin de compagnie alors tu l’as trouvé là. Disponible, proche et dans l’alcool.

– Lauviah, je n’ai pas envie de parler de tout ça.

– Je croyais que tu voulais aller jusqu’au bout.

– Qu’est ce que tu veux que je te dise ? …..

– Que tu n’es pas en colère par exemple. Que ce n’est pas de la haine, mais de la peine. De la tristesse, de la souffrance et que tu as eu mal. Très mal, et qu’il t’a fait beaucoup pleuré. Et pourtant, je me souviens que tu es partie avec un sourire, en le remerciant. Tu as eu mal, mais tu as su marcher, la tête haute, dans le respect de l’autre.

– Hum. Cette conversation me peine tu sais.

– Continuons, qu’aurais-tu fait après ?

– J’aurai dit à ma grand-mère que je l’aimais plus souvent avant qu’elle ne meurt et je me serai grouillée en voiture quand l’hôpital nous a appelé pour que je lui tienne la main quand son cœur s’arrêtait de battre au lieu de prendre mon temps et d’arriver 3 min après. Ensuite, j’aurai pas couché avec mon pote, parce que du coup, j’ai perdu un ami. Et puis j’aurai pu faire gaffe aussi à ma pilule histoire que je ne tombe pas enceinte d’une manière aussi débile que celle-là…. quoi que t’sais… j’ai vraiment aimé cette expérience…. je n’ai pas envie de la changer bizarrement. Et puis aujourd’hui, ch’sais pas… je m’achèterais des prothèses oreilles dès l’achat de mon piano pour éviter d’avoir des problèmes comme aujourd’hui d’hyperacousie. A oui, attends, j’en ai trouvé une autre, j’enverrais chier ma prof de gym quand j’étais jeune pour m’avoir martyrisée avec ces entraînements à la con et sa fixette sur la compétition et la pression qu’elle me mettait, ce qui m’a fait bien souffrir, et le dos et le moral. Et puis, je ne prendrai pas des cours de violons, mais des cours de piano comme j’en avais toujours rêvé. Et alors aujourd’hui je serai super bonne au piano, pas comme mon amateurisme merdique. Et puis, je ne voulais pas que mon père parte de la maison, ni ma mère plus tard pour travailler à l’étranger. Durant cette période, nous étions logés chez mes grand-parents, quel calvaire cette période, avec cette p*tain de ratatouille (lol no comment) mais c’est quoi le délire des gens de forcer les gosses à bouffer ce qu’ils détestent ? Comme avec le lait… je le digère mal et pourtant ils me forçaient pour en boire… mais quelle connerie ce truc …. pour le calcium… je t’en foutrais moi du calcium dans la gueule. Bouffes ton fromage ou ta vache kiri mais fais pas chier pour le lait, et je te parle même pas du lait de vache frais … le calvaire… nan franchement, moi, je ne ferai pas ça avec mes enfants plus tard… tu vas voir….. j’te jure, tout ça, ça m’a inspiré une nouvelle éducation, parce que sérieux, l’écoute du corps, Zéro ! Pffff franchement, ce ne sera pas le même son de cloche dans ma future famille, j’te dit moi…

– tu as fini ?

– Nan tiens, j’ai envie de dire «  papa , reviens ! » voilà ce que j’ai envie de dire là. Nan j’ai pas fini Lauviah. Continuons. A vouloir me cacher la vérité sur mes parents, je croyais que mon père allait revenir. Pendant une dizaine d’année, j’ai vécu avec cet espoir de revoir mon père dans ma famille, disons plutôt que je rêvais de ça, j’ai rêvé de vivre avec mon père, pendant longtemps, très longtemps. J’ai voulu crier pendant des années « papa, reviens, papa, ne me laisses pas toute seule. Papa, prends moi dans tes bras. » Je voulais le crier, mais il n’était pas à la maison. Je voulais un père. Je voulais mon père, Lauviah. Rien d’autre. Et même plus grande, quand je l’ai retrouvé et que j’ai mieux compris, je l’ai toujours cherché, mais il n’a jamais été là dans ce qui était important pour moi. Il m’a toujours laissé tomber alors que je lui demandais son soutien. Fais chier. Parfois, on s’étonne que les enfants prennent des rôles d’adultes, mais c’est parce que les parents ne prennent pas le rôle de parents que les enfants ne se retrouvent plus dans la famille. Même encore aujourd’hui, je ne demande rien à mes parents, juste à ce qui me laisse être un enfant, c’est tout. Cette conversation m’énerve.

– As-tu d’autres choses à rajouter sur ta liste ?

– Hum….attends, je réfléchis. Refais une vie où je ne quitte jamais mon premier amour… je me demande bien jusqu’où j’aurai pu aller avec lui.

– Tu n’aurais pas pu aller loin mon Enfant. Tu l’aurais vite compris. A cet époque tu vivais avec cet Espoir d’un Amour plus grand.

– Pourtant je l’aimais tant.

– En effet, mais tu rêvais tant.

– Hm. Aussi. Oui.

– As-tu encore des choses à rajouter ?

– Non ..ch’sais pas… je me sens vidée là….. peut être plus tard…. mais là.

– Bien. Ta liste sera effacée.

– Comme ça ? Genre, pas de morale à deux balles ou de petites phrases merdiques de mots de fins ?…. genre pas de trucs moralistes que tu n’as pas envie d’entendre mais que tu entends quand même ?….

– Tu n’as pas besoin de cela. Tout cela sera effacée. Point.

– Tu vas m’aider comme ça ?.. aussi simplement ?…

– Exprimer ses peines n’est pas chose facile. Exprimer ce qui dort en vous n’est pas chose facile. Nous respectons ce que tu essaies de faire. Alors nous pouvons alléger tes peines en t’aidant à les accepter.

– Tu sais, le pire dans tout ça, c’est que je sais pourquoi je n’ai pas fait tout ce que j’ai dit que j’aurai aimé tant faire.

– Alors tu comprends, n’est-ce-pas ?…. Tu comprends pourquoi tu as pris les décisions que tu as pris dans ces moments là. Tu as toujours été une femme réfléchie. Certes impulsive, mais toutes ces décisions que tu as prise, tu les a prises en faisant de ton mieux.

– Crois-tu vraiment que j’ai fait de mon mieux ?

– Non, je crois que tu as fait comme tu pouvais parce que cela te convenait à l’instant. N’est-ce-pas là l’essentiel ? Qui tu es n’est pas ce que tu aurais pu être en faisant différemment tout en restant avec ton regard mature sur les événements passés. Qui tu es, c’est Toi et ta Prise de Conscience dans l’Instant. C’est cela que nous respectons. Et c’est cela qui fait que tu es Toi. Tous ces moments, regardes bien tout ces moments, salues les pour ce qu’ils t’ont appris, cette vie que tu aurais aimé avoir, ce n’est pas ce que tu Es, voilà pourquoi tu ne peux pas y retourner.

– hm. je sais. Mais parfois, je rêve d’être quelqu’un d’autre, et pourtant quand je me vois et ma vie aujourd’hui, dans mon appartement avec mes affaires, je me dis que j’aime ma vie, j’aime là où j’en suis aujourd’hui. Je me rends compte que c’est aussi toutes ces souffrances qui m’ont construites. Ô combien je m’en rends compte.

– Soit. Nous effaçons ta liste.

– Merci.

– Nous te souhaitons une bonne soirée.

– Merci.

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Source: Les anges 3

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