Quand l’âme soumet l’égo

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Allongée sur un lit au côté d’autres personnes, mon esprit bascule dans une zone blanche. Arrive une signature que je reconnais bien. Trop bien même. Celle de mon enfant intérieure mais en plus mature.

Mon âme se pointait en catimini. Elle força un texte qui apparut dans mon esprit et son ton ne rigolait pas. Elle avait décidé de me parler en direct et pour être sûre que je n’en perde pas une miette, l’écriture apparaissait en même temps que son dicton.

« Ca suffit avec tes caprices enfantins, tes râleries intempestives qui n’ont cessées depuis que tu as commencé à parler, enfant. Tu ouvres toujours la bouche, pour rien en plus, alors que nous, ici, on n’en a rien à foutre de tout ça. Ça ennuie tout ceux qui nous entourent de l’autre côté et qui doivent travailler avec toi. Tu me gaves à vouloir me ralentir alors que ça ne sert à rien, tu ne pourras rien faire. Rien du tout. Tu n’as pas ce pouvoir. Tu vas arrêter ça, c’est clair ? Donne-moi ton carnet de partage. »

-Mais…

Sur un claquement de doigts, il lui apparut dans les mains. Elle feuilleta les pages et s’arrêta sur certains points plutôt que d’autres.

-« Ca, barre-le. Je ne te répondrai pas sur ça. »

-Maaaaaiiis…. !

-« Ne discute pas. Tu n’auras rien et personne d’autres ne te répondra sur ce sujet. Barre-le. « 

Elle me vit troublée, plissa les yeux et fit apparaitre un stylo dans ses mains avant de le barrer elle-même.

-« NON, c’est clair ?! Ensuite. Ça, non. Ça, non plus. Ça, ça et ça, pareil. Allez, tu passes à autre chose. Ça… Hum. Oui… d’accord. A la limite, si tu veux. Ça, ok. Ouais, pourquoi pas. Ça, hm…. Et Ça non. Le reste, on verra. »

Pour le coup, je n’avais rien dit, rien fait et rien demandé. En colère, je me forçai à rouvrir les yeux dans la zone que j’avais quitté préalablement.

– VA-T’FAIRE-FOUTRE ! hurlai-je depuis la couche en pleine rebascule. Mais putain, va te faire foutre !!

Un être qui canalisait la guidance de chacune des personnes allongées fit le tour pour offrir ce qu’il captait. Lorsque vint mon tour, je levai le bras pour l’arrêter alors que je venais de me lever, sourcils bien froncés et totalement à cran en m’efforçant de ne pas tout mélanger.

– Nan, pour moi, c’est bon, merci. Pas besoin. Elle est venue en direct. C’est bon.

Je ne pensais qu’à une chose, revenir dans le monde des humains.

-« Ah… Euuh…. »

–  Ecoutez, je vois mon âme et mes guides en direct, vraiment, je n’ai pas besoin de votre canalisation et de vos ressentis. Si j’ai quelque chose à voir avec eux, je leur demande directement, ok ? Et ils ne se gênent pas pour me parler, croyez-moi. Donc, non. Je n’ai pas besoin que quelqu’un canalise quoi que ce soit pour moi. Occupez-vous des autres qui en ont besoin plutôt. Moi j’ai ma dose pour aujourd’hui, je me casse !

En tournant les talons et en m’éloignant de la pièce,  je rouvrais enfin les yeux dans mon lit, mon vrai lit à moi et ma langue se délia rapidement. Trop même tellement que je bouillonnais.

-Putain mais va te faire foutre !! Ouais, va te faire foutre! je sais que tu m’entends. Alors écoute-moi bien. Va. te.faire. foutre.

Ouaip. Notre cohabitation n’est pas utopique. ni idyllique. C’est un carnage.

Tu demandes rien, tu n’as rien. Tu demandes des choses, on t’envoie chier. On me demande de m’intéresser à autre chose que mon dragon, ça ne va pas non plus. Donc, en gros, j’ai compris. Je dois fermer ma gueule et bosser. Je dois nettoyer la zone, combattre, faire passer les âmes, les dimensions et tout le bordel, et sans rechigner. Sans me demander mon avis. On en a rien à foutre que je galère à gérer les informations, les expériences. Camille vient d’apprendre qu’elle était un ange incarné. Bah après, … on s’en fout. Elle fermera sa gueule et fera avec. Elle n’a qu’à faire ce qu’on lui dit de faire et puis c’est tout. Mais allez vous faire foutre. Ah non, à moi, on ne me laisse pas le temps d’encaisser les informations. D’autres personnes, on leur offre des années pour ne pas les brusquer. Oh les pauvres. Faudrait pas que ça aille trop vite, hein. Et moi, les années, elles sont où ? Putain, si j’ai plus de 3 jours pour encaisser, c’est un miracle, alors 1 ou 2 semaines, ça mérite le champagne.

Putain, mais merde.

Camille tais-toi et avance, camille transmute et arrete de râler, Camille, nettoie la zone et sauve le petit prince licorne qui est en train de se faire kidnapper. Vas-y, fais exploser toute une flotte.

Mais merde bordel.

Va te faire foutre. Trouve quelqu’un d’autre qui fait tout ce que je me tape.

Si vous avez un rythme d’apprentissage expérimental lent. Croyez-moi, vous avez de la chance. Vous ne savez pas combien moi je serais prête à tout pour avoir des nuits paisibles.

Avant hier, j’ai du supplier mes guides de ne pas m’envoyer en mission. Et ils ont craqué. Parce qu’ils m’ont vu à genoux la tête dans les mains en train d’être sur le point de snapper et de vouloir tout faire péter juste pour que tout s’arrête.

Je voulais juste une nuit tranquille. Juste une nuit pour dormir et me reposer. Juste une nuit libre de ne pas travailler.

Je ne peux plus gérer les missions, mais l’Autre prend le relais en automatique. Parfois j’ai des flashs de moi en plein bataille, à l’autre bout du monde et au petit matin, je sais. Je sais qu’elle en a toujours rien à foutre que je sois fatiguée et que je dise non.

Elle ne dort jamais. Elle ne s’arrête jamais. En fait, mon pire cauchemar, c’est mon Essence.

Elle se fiche que je pleure. Elle se fiche que je n’en puisse plus. Elle, ce qu’elle veut. C’est son quota. Son putain de quota de merde.

Oui, parce que j’ai un quota d’accomplissement. Elle tient des stats sur le nombre de monde en perdition récupéré.

Ici, sur terre, on se bat pour faire augmenter un chiffre sur son compte en banque. Mais finalement, de l’autre côté, c’est pareil. Ca capitalise. Et on est bon qu’à bosser.

Putain de vie de merde.

Je n’arrêterai pas de râler. Ca, c’est clair. Va falloir qu’elle se le foute dans le crâne avec ses supers énergies et sa super intelligence. J’ai dit que j’arrêterai de l’insulter, certes, mais râler, faut pas rêver.  Pas avec ce qu’elle m’oblige à gérer en permanence.

Je ne comprends toujours pas d’ailleurs qu’elle refuse de me parler simplement. Parce que j’ai constaté que j’arrêtais de râler à la seconde où mes guides acceptaient de me parler et qu’ils m’expliquaient des choses. Si seulement elle pouvait comprendre combien c’est dur pour un humain d’accepter ce monde… combien pour nous, toutes ces choses sont déroutantes… combien la cadence est dur à tenir… combien je travaille tout le temps pour arriver à la suivre mais combien tout est si dur…

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