Farewell or…

 

Mon premier rêve qui fut martelé par la voracité de mon égo. Il était de plus en plus sournois, user de telles incantations n’étaient pas une bonne idée. Je le savais mais c’était plus fort que moi. Mon égo avait besoin de se défouler. Les forces présentes avaient pris le dessus et j’avais fini par tourner un peu au vinaigre, m’étant très légèrement (*ahem ahem*) laissé aller à mes aléas égotiques. Des mots sortaient de ma bouche, des mots que je ne comprenais pas. Je me suis réveillée, énervée, et pas très fière. Je savais très bien ce que ça signifiait. Un peu de vice et de sournoiserie semblaient m’avoir parfaitement comblé sur le moment. Merde. Plus j’observais la scène et plus je comprenais que les magies répondaient à mes souffrances du moment, je savais très bien que je n’allais pas bien et que ça ne s’arrangerait pas au fil des jours.

Fais gaffe Cam, tu es en train de craquer… En temps normal, je n’aurais pas fait ce genre d’appel, en temps normal, je n’aurais pas besoin d’aller jusque là…  Mes anneaux énergétiques qui m’entourent d’habitude me semblaient de plus en plus étroits ces dernières semaines, une vraie prison, une muselière inébranlable. Et plus je m’obstine à vouloir m’en libérer et plus ils se resserrent sur moi. Maudites barrières, ou bénites finalement ? Je ne sais plus trop.Je sais juste qu’à cause d’eux, je ne peux pas user de certaines formes de ma puissance personnelle. Ils me calibrent et m’encerclent, ils m’obligent à rester en laisse, enchainés comme un fauve en cage. Ils maintiennent une certaine forme énergétique. Soit. Parfois ça m’aide tout autant que ça m’emmerde. Là, tout de suite, je sens ma furie intérieure prête à faire preuve d’intelligente égotique de plus en plus poussée. Me rendormir m’aidera. Avec un peu de chance, je pourrais tomber dans un autre rêve lucide où j’éviterai cette fois-ci de faire appels à des êtres pareils, aux stratèges peu catholique.

Deux voix résonnent dans la pièce, à mes côtés, juste là, à bavasser de choses et autre. On dirait qu’ils le font exprès. J’essaie d’ouvrir les yeux mais je ne souhaite pas trop forcer par peur que mon appel me pousse à ouvrir les yeux dans le monde réel. Les yeux étrécis, je vois un filet de lumière vive. Merde, gardons les fermés, c’est surement le jour depuis le salon. Ensuite, cet homme m’adressa la parole. Il était doux et son calme m’attirait comme une mouche. Tant pis si je me réveillais.

La dimension était très proche de la réalité, sauf un peu plus lumineuse et vaporeuse, la pièce semblait être au cœur d’un nuage blanc. Lui se tenait assis sur le fauteuil collé à la cheminée. Ah… mon guide. Il tombait à pic. Très vite, je lui parlais de mes tracas concernant (X), et puis quelque chose me téléporta je-ne-sais-où. Mais ce monde affichait clairement mes pensées. J’optai donc pour une virée à la mer. Oui, la mer me ferait du bien. Elle balayerait mon aigreur, mon impatience, ma colère et ma frustration.

Mes pensées n’étaient pas stables. Ma vision à 360 degrés laissait à désirer. J’accolais tellement mal mes plans dimensionnels qu’on aurait dit un travail de débutant sur photoshop avec un simple couper-coller de plusieurs images sans option fusion. On est tombé bas, je disais, en marchant sur ma plage. Même pour créer un monde simple avec une belle plage et vue sur une mer turquoise, je le faisais mal !… ça craint… un truc aussi basique… merde. 

 Tant pis des liures mal foutues, j’avais envie de nager et l’eau me ferait du bien.  Mais rien ne se passait comme je voulais. Après quelques brasses agréables, je dérivais dans un coin lugubre de déchets rejetés dans une zone industriel délabré. Su.per.Sym,pa. Mer-de. Esprit de merde, baignade de merde. Et pétrole de merde. Et dérive de merde! Tout ça, c’est ma propre merde du moment et mes humeurs égotiques de chiottes !! Ça me gave !

Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. J’étais seule responsable de ça. En râlant et soupirant comme pas possible, je me trainais vers le muret, l’eau dégueulasse à hauteur des cuisses, je voulais surtout sortir de ma propre merde.

(X) sortit sa frimousse d’une entrée d’un bâtiment à l’abandon surplombant la bande de béton.

– (X) ! Tiens, salut !

– « Salut, viens par là ! « 

– Dis donc, qu’est ce que tu fais là ?

– « Tu as eu une faille, alors je suis passée par là ».

Une faille ? Il est mignon.. Comme si je n’avais pas compris que mon état merdique dans lequel je me débattais actuellement engendrait des failles... . Je sortis de l’eau, étonnée tout de même que lui soit venu. On monta les escaliers 2 à 2.

– … Bon… Et t’es lucide là au moins ?

Il me jeta un regard éclair sur un palier, la main chopant la rambarde pour continuer la montée.

– hum… lucide, tout dépend ce que tu appelles lucide…  Plus ou moins, comme toi je suppose non ?!

Hum… je l’examinai.Bah, disons que moi, je saurai au réveil, ce genre de « lucide ».  Peu de personnes étaient aussi lucide que moi tout gardant leur conscience humaine bien ancrée. S’il l’était vraiment, alors soit, après tout, je savais que ce n’était pas impossible pour lui et ça faciliterait notre échange.

On claqua la porte donnant sur les toits, on surplombait tout un port de marchandises, au vague complexe jonglant avec d’innombrables conteneurs. On s’assit sur le banc offrant une vue dégagée.

– Bon…  Tu es où là ? Tu es arrivé sur Paris maintenant ?

–  » […] « 

*soupire*

– Ah bah ça avance. C’est bien.

Je repensai soudainement à ce que Mailodeeh Eau’r me disait sur un de ces commentaires de blog. Elle avait eu une sacrée bonne idée et je comptais bien la mettre à profit. C’était le moment où jamais. J’avais une opportunité en or, là qu’on était à priori lucide tous les deux et  face à face.

– Dis, au fait, et si on se donnait rendez vous pour se retrouver sur paris ? C’est plus pratique non, maintenant qu’on est lucide ? On pourrait choisir une date et un lieu où se rejoindre et…

Il tiqua et prit un air méprisant et insultant.

– « Se retrouver. Humpf. Comme c’que ce que veulent toutes les âmes soeurs, non ? Elles font que ça…  »

– … Qu’est-ce que….

Son ton me choqua, mes yeux se figèrent, mon cœur oublia de battre. Il n’avait pas osé me dire ça,  à MOI, tout en étant lucide ? Se moquer des âmes sœurs qui ne pensent qu’à ça, c’était se moquer de toutes les putains de galères que j’ai vécu à cause de ça et à cause de lui. Bien sûr que c’était leur objectif. A cause de leur putain d’énergie qu’elles ne pouvaient pas passer outre et que ça foutait la merde dans leur vie. Il n’a pas osé me dire ça, à moi, après tout ce que j’endure depuis des années ? Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible… Il n’est pas lucide, ce n’est pas possible, il n’aurait jamais osé me dire quelque chose sachant pertinemment que ça me blesserait autant…

J’étais émue, les larmes aux yeux. Attends, attends, qu’est-ce qu’il me dit là ? Il ne le voudrait peut-être pas ?…  Ma mâchoire ne s’était pas aussi crispée depuis des années. Alors c’est ça hein…  Pourquoi m’obliger à vivre tout ces rêves si tu le prends comme ça ?…

Il se retourna, se leva et commença à s’agiter, prit dans son délire à monter sa nouvelle GoPro.

– Dis donc, tu réalises que ces dernières années, 2 fois j’ai failli tout laisser tomber ! Tout ça me rend barge… Non mais tu bosses au moins dans ces retrouvailles, parce que moi à la base, je ne suis pas patiente, là, je commence vraiment à…

Il ne m’écoutait plus. Ça y est, il était ailleurs.

Craquer... je commençais à craquer littéralement.

Mes yeux restaient figés, tristes et impuissants. Choquée et touchée, il n’y avait pas d’autres mots. Il ne pouvait pas être lucide. Maintenant c’était clair. Il ne réalisait absolument pas la portée de ses mots et de notre échange, mais surtout dans l’état dans lequel j’étais juste avant de le croiser. Déjà que j’étais instable, mais là, il venait de me donner le coup de grâce.

– Tu es en train de rêver hein, murmurais-je en l’observant s’accroupir, se dresser, et finir de monter les pièces.

Une fois le drone prêt, il monta l’appareillage et le mit en route. Ma tête le regardait s’élancer dans les airs, ma volonté me quittant en même temps.

*soupire*

Ma vue quitta mon corps et fusionna avec le drone, c’était sympa de voir la vue à partir d’une caméra télescopique, la vue du port, vu d’une centaine de mètres en haut, les cargos, et la plateforme. Nous étions si petits vu d’en haut. Je retrouvai mon corps un battement de cils après m’être levée du banc. Il était si absorbé dans son activité qui l’accaparait totalement que je ne voyais que sa fougue et sa passion émises de dos. Il me semblait être un ado insouciant. Lui et moi, on n’avait pas les mêmes problèmes.

Je suis fatiguée. Je suis tellement à bout… Je ne peux pas t’obliger si tu choisis de vivre autre chose. Peut être ne tenait il pas à ce qu’on se réunisse. Il m’avait blessé. sa remarque était tellement déplacée, moi qui travaillait tellement dur pour cette rencontre.

– C’est fini. Je n’ai plus rien à faire ici. J’en peux plus d’ses conneries, murmurais-je, me retournant sans le moindre bruit.

Je partais. Calmement, normalement, sans vague ni artifice et le laissais à sa vie, à son rêve, à ses objectifs. Je ferai les miens.Les pas s’alignèrent sans encombre. Un son inaudible sortit de ma bouche comme une dernière parole tandis que je m’évaporai. Goodbye, mon Amour, mon corps résonna.

Il se retourna d’un coup net, voulant certainement faire partager sa joie envers son nouveau joujou mais il fut foudroyé sec. Vide. Le banc était vide. J’étais partie.

– « Heu…. Mais… ! »

Il leva les yeux et scruta mon ombre à l’horizon. Le souffle lui manqua. Merde. Ce n’était pas ça qu’il souhaitait. Son corps semblait hurler. Il s’attendait sûrement à tout sauf à ce que moi je ne décide de le quitter pour de bon.

« Trop tard. », je pensais, souriant de fatalité. Il m’aimait, cela se voyait. Mais voilà. Trop de galères, de guerres, de luttes acharnées… « J’avais prévenu. Je t’avais prévenu (X), je n’en peux plus. »

Ma vision repartait déjà dans les cieux et j’assistais impassible à la scène, mon corps sur la terre ferme se vaporiser et lui refusant à me voir partir.  Il envoya valdinguer la télécommande d’un coup de bras vif comme l’éclair et s’élança de toute ses forces à mes trousses.

Chopant le peu du corps qu’il me restait à terre, d’un grand élan, il m’attrapa par la ceinture et m’obligea à le suivre dans son rondade gymnastique. Il foira l’arrêt du saut et nous fit dévaler le rebord. Ma tête fracassa le sol avec un bruit sourd et violent et mes mains encaissèrent le choc comme elles purent. Putain, même en me rattrapant, il m’en fait baver… 

J’étais clairement plus sonnée que lui. Ma tête claqua sous une chute de 5 mètres sur le toit de l’immeuble en contrebas.  Mes mains pissaient le gravas. Malgré la violence de la chute, il me garda serrée contre lui et refusa de me libérer, ses bras scellés sur ma taille. 

– Sé…rieux… , (X), ….  Tu…  vas m’tuer… Cette relation … va … m’tuer…  putain…Je relevai la gueule, poussiéreuse et sonnée,  encore plus énervée qu’avant.

Sa volonté est à saluer, certes. Mais voilà, encore un choc de plus qui s’ajoute à ma longue liste de merde traversée pour la mise en place de notre réunion.

Je rouvris les paupières dans mon lit, sonné par le choc, et les larmes aux yeux. Il va me tuer.

 

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